À voir tous les défenseurs pugnaces de toute origine se débattre pour préserver des libertés d’expression religieuse, tout indique que ces messieurs vivent dans une bulle de verre au Québec et que les leçons du 11 septembre n’ont pas altéré leur conscience. La mondialisation, le terrorisme et le fanatisme religieux ne semble pas se révéler comme une évidence dans les plis de leur matière grise. Manque de perspective d’une part ou d’autre part intentions secrètes d’imposer chez nous des racines qui ne prennent pas dans notre terre ? Il y a pourtant bien eu un signal mondial à propos de l’intégrisme religieux. Il ne s’agit pas d’en avoir peur, mais de le dénoncer pour le combattre.

La vision de Me Grey manque de perspective à cet égard et se perd dans les dédales d’une réflexion qui cloisonne plutôt que d’unifier. C’est la faiblesse du droit : il divise par défaut, incapable d’embrasser toutes les composantes d’une question en même temps. Il faut un cas pour faire la preuve de ce qu’on avance. Alors présentons des cas de madames voilées victimes de harcèlement. On ne présente que cet angle précis, un moment, une goutte d’eau, pour démontrer que l’islam n’est pas dangereux, mais victime et minoritaire et que c’est la majorité qui est l’agresseur. Nous sommes très très loin des tours jumelles qui ont annoncé une guerre sans précédent depuis les souterrains de l’intégrisme islamiste. Cette guerre invisible, ce n’est pas parce que la raison d’un avocat ne peut la démontrer qu’elle n’existe pas. Elle ne peut justement pas être débattue dans un cas aux tribunaux ; elle est mondiale, souterraine, invisible et elle existe. Le droit ne fait pas de prévention, il pallie aux conséquences. Nous disons qu’il est urgent de cesser de faire l’autruche devant la réalité de l’intégrisme religieux. Ce n’est pas une affaire de tribunal, mais un devoir politique. D’où la charte.

Se battre pour préserver la liberté d’expression religieuse dans ce contexte de globalisation des marchés, c’est faire preuve d’une imprudence intellectuelle qui met en péril les outils de protection d’une nation contre une menace persistante et omniprésente.

Me Grey prétend qu’il y a peu de fanatisme ici. Pourtant Montréal, la cool, a logé plusieurs suspects du 9-11 (Ressam vous vous rappelez ?). Sans compter cette nouvelle dans La Presse concernant une mosquée fichée par le FBI fréquentée par Ressam et le non moins extrémiste Salam Elmenyawi. Me Grey prétend aussi que l’antisémitisme a cédé à l’islamophobie. Surprenante ineptie. Contrairement aux islamistes, les Juifs n’ont jamais fait la promotion du judaïsme. Il est généralement entendu qu’un Juif nait Juif, il ne le devient pas, d’où le peu d’intérêt à convertir. Pour les catho, la conquête des âmes est derrière eux, au nord. Reste le sud encore preneur d’un désir de résurrection. En revanche, l’arrogance islamiste use d’une propagande éhontée, sous le prétexte d’une croyance. Il s’agit d’une déviation spirituelle gravissime, d’un détournement de la foi individuelle que nous devrions circonscrire de manière stricte par prévention. Et cette arrogance n’a rien à voir avec les Musulmans mais avec l’intégrisme qui s’est infiltré dans leur religion et qu’il faut tous cesser de taire.

Me Grey défend présentement un collectif propagandiste qui refuse de vivre dans le respect de nos choix de société. Nous avons choisi, à l’instar des Juifs, de vivre notre foi discrètement. C’est étonnant de la part d’un avocat si respecté de le voir voler au secours de l’intégrisme religieux avec autant de passion et de conviction. À force de chercher des arguments logiques pour sauvegarder la liberté de religion, on finit par perdre la perspective globale du monde dans lequel nous vivons. Et c’est ici que les combats de Me Grey font le plus de mal à la cohésion sociale. La vision de Me Grey divise notre société au nom d’une liberté qui promouvoit la soumission de la femme et qui, de surcroit, l’utilise pour faire la propagande sur nos trottoirs d’une religion plutôt qu’une autre. Les signes ostentatoires ne devraient pas favoriser une religion par rapport à l’autre. D’autant que cette religion, depuis Saladin (œil pour œil dent pour dent) est celle de la guerre aux chrétiens, elle ne peut être vue comme innocente ici ! Pendant que Me Grey défend des intégristes au Québec au nom de la société de droit, des chrétiens sont tués en Égypte.

L’insoutenable liberté de l’homme

Le principe défendu par la majorité des pourfendeurs de la charte québécoise est celui de la liberté. Or à ce stade-ci, il s’agit de choisir entre la protection de l’intégrité de l’ensemble des citoyens et le droit de liberté d’expression religieuse dont des factions font partie d’un mouvement mondial anti-femme et anti-occidental. Il n’y a pas de commune mesure entre les droit de la majorité qui cherche à se protéger contre un danger mondial et un droit de minorité qui fait entrer par la porte d’en arrière cette même menace !

La liberté n’est pas fondamentale dans la mesure où notre intégrité est en danger. Voilà ce que l’homme ne veut pas perdre. C’est là l’enjeu principal de tout l’argumentaire de la gauche et des défenseurs des libertés quelles qu’elles soient. L’homme a toujours joui d’une grande liberté, et il craint par-dessus tout de la perdre.

Or on ne peut pas, au nom d’une liberté dite fondamentale, défendre un seul point de vue qui pourrait mettre en péril des mécanismes de défense de tout un pays. C’est ce danger invisible que la raison refuse de voir dans l’argumentaire des pourfendeurs de la charte.

Cette conférence de presse envoie plutôt un message d’hommes musulmans fanatiques prêts à tout pour ravir notre humanisme occidental. Ce front commun envoie l’image d’un désir d’intimider. Et ces fanatiques sont soutenus par un homme de droit. Le droit et la spiritualité mis ensemble ? Comment ne pas voir dans cette image le désir d’imposer une religion cautionnée par un avocat qui choisit de marier le droit et la religion au nom de la liberté ? Peut-on s’attendre à ce que, par souci d’aller au bout de sa logique, Me Grey finisse par nous imposer la charia au sein de nos tribunaux ? Il ne semble pas avoir de limites à son désir de liberté. Et c’est bien cette démesure de l’homme que nous tentons de calmer avant de frapper le mur.