Le fait français en Amérique est plus vieux que nos Constitutions. Il a perduré par le dynamisme des colons français qui, contre vents et froides tempêtes, ont construit un pays où la langue de l’amour les relie toujours les uns aux autres.

Si aujourd’hui nous devons cet héritage à la résistance de nos aïeux, demain nous la devrons à notre capacité de transmettre ce patrimoine mondial aux nouveaux arrivants.

Est-ce que demain «Le cosmos va parler français», comme l’exprima Daniel Jonhson père à Charles de Gaulle? En tout cas, il est impossible de transmettre quelque chose dont nous ne nous sentons pas responsables. Et ne pas être responsable obstrue tout élan de fierté. Comment donc retrouver ce désir de faire vibrer notre parole?

Causeries en français

C’est ce que proposent les Causeries en français. Les Causeries, c’est l’occasion dont vous avez toujours rêvé pour participer au bien commun; c’est la prise en charge par le peuple québécois «de souche» de la transmission spontanée et naturelle de sa langue maternelle aux immigrants. C’est faire vibrer votre parole à travers des conversations en français avec qui veut l’apprendre.

La détournement politique

Depuis 50 ans, dans le tourbillon de l’immigration de masse, c’est comme si nous avions cru que le gouvernement protégeait notre belle langue à notre place. Force nous est de constater que la bête politique s’est emparée du fait français pour en faire une chose partisane. C’est ainsi qu’aujourd’hui, il est devenu impossible pour une fédéraliste de défendre sa langue sans passer pour un traître, alors qu’un souverainiste est traité de xénophobe ou de schizophrène dès qu’il valorise la langue de Molière.

Cette polarisation fédéraliste-souverainiste a littéralement détourné de nous notre faculté innée d’établir des ponts culturels de communications spontanées, sans le concours des institutions. Au point qu’aujourd’hui, nous ignorons l’immigration à l’échelle du citoyen, croyant dorénavant que nos «moyens du bord» sont insignifiants à côté de ceux du gouvernement qui, pourtant, se désinvestit toujours plus. Nous croyons que seul le gouvernement peut convaincre un immigrant de parler le français. D’où vient cette erreur de perception?

La mondialisation

Nous croyons que le français est mal parlé chez nous, donc indigne d’être transmis. Cet appauvrissement des langues est pourtant mondial. Il faut 5000 mots pour communiquer en anglais et c’est ainsi que cette langue s’est popularisée. Nous sommes en concurrence directe avec cet appauvrissement. Pourquoi les langues danoise, italienne, japonaise, ne sont pas écrasées par une mondialisation branchée sur l’anglais? Seul le Québec verrait sa langue menacée?

Mais si, parce que nous avons honte de mal parler notre langue, nous ne voulons plus la transmettre, alors nous cessons nous-même de l’apprendre. Et nous sommes les seuls responsables de son appauvrissement.

Au contraire, plus nous la transmettrons, plus nous nous émulerons et nous enrichirons notre langue. Alors nous en serons de plus en plus fiers.

Certes, dans le contexte mondial, tout le monde a avantage à apprendre l’anglais. Alors on peut comprendre qu’il soit décourageant pour un immigrant de devoir apprendre deux langues dans son nouveau pays. Mais le problème n’est-il pas similaire partout au monde? Pourquoi devrions-nous nous sentir coupables d’imposer le français, sous le prétexte que nous le parlons mal et que les nouveaux arrivants doivent apprendre deux langues? C’est une réalité présente, mais peut-être pas future…

L’importance de la diversité en Amérique

Pourquoi, au contraire, ne pas chérir davantage notre langue comme étant de haute importance pour protéger la diversité des Amériques? Pourquoi ne pas briser nos préjugés politiques? Sortir du débat fédéraliste-souverainiste nous fera nous apercevoir qu’il y a des gens autour de nous qui veulent savoir qui nous sommes et comment nous vivons. Et c’est bien à travers la valorisation de notre langue que nous pouvons leur transmettre notre «vivre et laisser vivre» légendaire.

Il faudrait leur montrer, à tous ces gens, que notre laisser vivre n’est pas de l’indifférence. C’est de la tolérance.

Les Causeries en français sont une occasion de le démontrer et surtout de nous responsabiliser en tant que peuple d’accueil, de manière conviviale. Parler de la vie, de culture, des enfants, des durs défis propres à chacun et quoi d’autre encore, dans la langue maternelle du Québec, c’est parler d’amour. Tous les Québécois sont une terre d’immersion pour les nouveaux arrivants. Tous nous pouvons faire de notre langue une fierté partagée.

Ces rendez-vous informels, les samedis et dimanches à 13h, au parc Kent et au parc Jarry, seront le point de départ de conversations qui pourront se poursuivre dans un café, d’une semaine à l’autre, et nous relier les uns aux autres, comme seul l’amour sait le faire. Et au Québec, il y en a beaucoup, de l’amour.

Le coup d’envoi des Causeries en français est le 23 juin à 17 heures. Québécois de toutes les régions, si vous passez par Montréal ce jour-là, venez donc piquer une jase avec le monde de la grosse ville!