Depuis le début de notre Histoire, les Anglais se sont assurés de ne jamais avoir à côtoyer les Canadiens français. Dans leurs colonies, ils adoptaient une technique aristocratique afin de bien baliser les différences par dédain de salir leur rang: l’indirect rule.

Cette culture du mépris de l’Autre a donné naissance au multiculturalisme. On ghettoïse tous ceux avec qui l’élite ne veut pas partager le pouvoir. Pour tenir en laisse les rebelles, on passe par les dirigeants de chaque communauté en leur octroyant des privilèges. «La pratique de l’indirect rule fut appliquée au Canada en 1774. Elle est un principe antidémocratique qui vise à faire croire à l’égalité, alors qu’une élite s’empare du pouvoir et de toutes les ficelles pour manipuler à son insu le peuple conquis

[…] L’élite francophone que l’on avait achetée constituait donc un mur qui séparait les Canadien anglais des Canadiens français[…] c’était la seule manière de laisser croire à la validité de ce régime bicéphale alors que la confédération déviait en douce vers la domination.» (La conscience du génie québécois)

 Ainsi, depuis toujours dans l’Histoire du Québec, l’élite canadienne-anglaise a donné des privilèges à une élite francophone triée en fonction de son attrait pour le pouvoir et les privilèges. Cette culture est si ancrée que plus personne ne reconnait le stratège originel dont l’objectif à long terme est l’assimilation du peuple conquis. Non pas par la guerre, mais par le discours haineux de nos propres élites face à son propre peuple. À ce jeu, les Anglais ne sont évidemment jamais pointés du doigt. Nos élites francophones faisaient le sale boulot de la conversion à leur place. Il en va de même aujourd’hui. Par exemple, au début du siège, les Anglais «attirèrent les hauts représentants du clergé dans le giron de l’aristocratie [… afin qu’]ils transmettent la bonne parole en ajoutant à leur saint discours quelque enseignement anti-nationaliste. Les conquérants britanniques s’immiscèrent donc dans la religion catholique, et comme le peuple avait une grande confiance en l’église, il n’avait pas développé le discernement pour reconnaître la supercherie.»

Ce n’est donc pas un hasard si la Révolution tranquille a eu pour effet à la fois de chasser l’Église et l’élite anglophone des sphères de la naissante French Power. Mais Trudeau est revenu à charge: le rapatriement de la Constitution canadienne et la Charte ont ramené l‘indirect rule en l’espace de 30 ans, via l’immigration massive.

Ainsi, on a fait débarquer chez nous une immigration à la manière aristocratique: créer des ghettos pour que les Anglais n’aient pas à côtoyer directement les néo-Canadiens tout en contrôlant leur mouvance via leurs élites. En donnant du pouvoir aux élites de l’immigration, on manipule les ficelles selon les révoltes émergentes.

Bien sûr, Internet a changé la donne, mais certes pas la culture du mépris des autres. Ce racisme fairplay est bien enrobé sous des couverts de bienfaisance qui, en réalité, n’aboutiront jamais que dans le vide. Une manière de dire: nous faisons tout pour vous, mais vous n’aurez aucun pouvoir, c’est l’ouverture à l’anglaise.

Ainsi, au Québec, on octroie à nos élites francophones un pouvoir qui ne fasse jamais ombrage à la domination anglaise. La Révolution tranquille aurait pu changer les choses, mais la culture de l’indirect rule a repris ses droits avec l’immigration qu’on récupère de plus en plus à travers le Quebec Bashing afin de poursuivre le projet d’assimilation. Notre élite francophone religieuse fut modernisée par l’élite journalistique, politique, financière utilisée aujourd’hui pour stimuler le même mépris chez les immigrants envers le peuple québécois et ainsi s’assurer que le nationalisme ne mène jamais à l’indépendance. C’est cette culture intériorisée depuis des siècles qui bloque toutes les avenues gagnantes au Québec. Comme quoi une culture, ça peut tuer… Mais ça peut aussi se changer si on s’y met.

Dommages concrets du racisme anglais via nos élites

Au début des années 2000, lorsque les discussions ont commencé à propos de méga-hôpitaux, nous nous sommes battus pour éviter le poids financier de deux hôpitaux. Il était aberrant d’avoir un hôpital anglophone aussi gigantesque que le francophone pour desservir une population de 12% payé à même les poches de la majorité francophone: ce budget aurait pu trouver des projets plus avantageux pour notre avancement. Ainsi nos élites ont «décidé» d’aller de l’avant, asservissant le peuple québécois à une dette pour une minorité anglophone qui se plaint de toujours mériter plus.

Comme si ce n’était pas assez, notre élite sans pouvoir a non seulement construit ces deux hôpitaux à parts égales de financement, mais Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, a choisi un crapuleux fraudeur comme dirigeant du CUSM. Il est parti avec notre argent. Couillard a dû prendre ses distances d’avec cet «ami».

Mais le sommet du mépris vient de nos élites politiques et d’affaires qui sont en train de creuser la tombe du mythique hôpital Hôtel-Dieu. À l’heure actuelle, il n’est toujours pas question de conserver à l’Hôtel-Dieu le statut d’établissement de santé qui l’a porté depuis plus de 350 ans. À l’aube du 375e anniversaire de la ville de Montréal, le gouvernement actuel assure une vocation en santé pour les anciens hôpitaux Royal Victoria, General Hospital, mais hésite à conserver un service de proximité à sa clientèle francophone grâce au seul hôpital «en français» du secteur de la Montagne. Se mépriser soi-même au point de se faire auto-disparaitre, de détruire nos institutions les plus emblématiques au profit des institutions anglaises, c’est ce que le manque de profondeur, d’initiative, de vision et d’autorité du ministre de la Métropole nous envoie comme signal.

Il semble aujourd’hui qu’il soit beaucoup plus difficile de se battre pour changer une culture que d’aller à la guerre. Il semble que les Anglais aient gagné sur tous les fronts notre douce assimilation au point que même le Parti québécois soit devenu incapable de protéger notre héritage francophone.

L’Hôtel-Dieu est un emblème fort de la francophonie et de la laïcité à Montréal, projet de surcroît mené par une femme: Jeanne Mance. Ce sont nos racines que le ministre s’apprête à faire arracher afin que dominent les institutions anglophones. Il se permet en notre nom de piétiner notre identité sans même l’ombre d’un spasme émotif contribuant ainsi à la mort lente du fait français en Amérique. Comme tant d’autres avant lui l’ont fait, il obéit à la culture de l‘indirect rule: en banalisant nos institutions les plus fortes, il est utilisé pour faire taire le nationalisme Québécois, pour que le peuple continue d’avoir honte de lui-même et que règne enfin pleinement à Montréal le pouvoir anglais.

Cette guerre des institutions n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres infiniment plus subtils. Dès que les Québécois veulent s’affirmer, donc reprendre le pouvoir, les journaux anglais et notre élite journalistique francophone, spécifiquement celle à La Presse, ne manquent pas de les traiter de racistes, de xénophobes. Nos élites francophones se donnent l’illusion d’avoir plus de pouvoir en marchant sur la tête du peuple, comme les aristocrates d’où est née cette culture du mépris des conquis. Chaque jour, ces élites francophones à la solde du pouvoir anglais, libérales, péquistes, affairistes, journalistiques, etc, permettent aux médias anglais d’alimenter leur propre racisme en faisant croire que les Québécois en sont les porteurs. La désinformation dans sa pleine expression !

La seule bonne nouvelle dans ce spectre d’assimilation est de constater que le Quebec Bashing, porteur d’une haine de plus en plus affichée, glisse de plus en plus sur le dos des Québécois. Sommes-nous en train de nous séparer enfin?