Une pression constante sur notre conscience collective nous suggère de lâcher prise sur les modèles de nos institutions conçus par et pour des hommes. Pris en otage par des intérêts de plus en plus corporatistes, les peuples ne parviennent plus à conserver leurs acquis socio-financiers. Leurs institutions les trahissent et les vident. Plutôt que de les enrichir, elles rendent nos citoyens vulnérables et anxieux par des dérèglementations incohérentes qui minent leurs forces vives. Comment se surprendre de l’élection de Donald Trump qui donne l’impression de pouvoir offrir un renversement des intérêts corporatistes vers le peuple ?


La grande gagnante des élections américaines est la conscience du peuple


Les Américains qui se savaient à la merci de l’establishment partisan se sont également vus manipulés par le pouvoir politique du FBI. L’éveil de conscience a de particulier qu’une fois réveillé, on ne peut plus se rendormir, tout au plus faire semblant.

Si on ne sait encore trop que faire avec la vérité, la situation est néanmoins très claire. Les grands architectes de ce monde ont pris possession des leviers financiers des peuples souverains, à travers un système fiscal à vitesse variable (évasion/évitement/paradis) et à travers nos grandes institutions, telles nos caisses de retraite.

Notre système juridique ne repose plus sur ses principes, ce qui a encouragé une culture éthique du Far West. Cette fragilité institutionnelle dont les élus n’osent parler perpétue une ouverture des marchés, appelée mondialisation, où les plus riches ne cessent de faire des acquisitions sur le dos des entreprises locales, où nos élus nationaux ne parviennent plus à protéger nos ressources environnementales contre les prédateurs, où l’immigration n’est pas seulement le fait de créer des opportunités mais de plus en plus d’esclaves.

Nous, les peuples, sommes les gardiens de nos richesses nationales. Si la mondialisation fut présentée comme l’Eldorado, nous sommes conscients aujourd’hui qu’elle a mis au monde des pilleurs : prendre nos richesses publiques comme source d’investissement privé et nous laisser tous les risques. En fait foi une autre arnaque du Parti libéral du Québec avec le scandale de la SIQ où, selon toute apparence, on a demandé à la ministre de l’époque, Jérôme-Forget, de regarder ailleurs.

Trump et Sanders : deux visions du protectionnisme

Bernie Sanders a présenté aussi sa vision protectionniste, mais en version démocrate : un purgatoire pour le 1%. On ne saura jamais si Sanders aurait pu affronter Trump. Ce que nous savons, c’est que jamais le protectionnisme n’avait été affublé d’une telle auto-caricature : le modèle Trump jure, celui de Sanders était la recherche d’un sain équilibre des forces. Mais les démocrates ont tranché : on ne peut laisser un vieil homme de gauche mettre à mal l’establishment. Ce choix a ouvert la porte aux allégations du FBI, comme un champ de bataille ouvert entre républicains et démocrates.

Est-ce que Trump va vraiment pouvoir protéger les Américains contre les maitres du monde (dont il fait partie), contre une certaine immigration ? Bien sûr que non. Les gens s’en doute bien. Mais entre Clinton et Trump, les électeurs ont envoyé un message clair : se donner un Président qui n’appartient pas à l’élite politique.

Au terme du premier mandat de Trump, la machine souterraine du pouvoir établi à la Maison Blanche aura retourné les paroles du Président à nouveau vers des intérêts obscurs. Qui pourra encore donner de l’espoir au peuple, à part Dieu ?

Reste que l’arme la plus redoutable du peuple demeurera sa conscience et pas dans le sens qu’il l’entend. Une conscience qui s’éveille souffre nécessairement de ce qu’elle voit et des décisions qu’elle prend. La lucidité écorche la peau, les pertes peuvent en paralyser plus d’un. Dans ces zones extrêmes, nous verrons poindre la vraie force de l’humanité.

Le réveil des femmes

L’establishment est la forme rajeunie des dynasties et monarchies qui ont construit nos nations par le fait d’armes. À l’heure actuelle, une femme à la Présidence n’offre qu’un changement d’image revêtant le pouvoir du sentiment d’une plus grande humanité.

Les femmes au pouvoir sont encore les héritières du trône de leur mari ou de leur père. Est-ce pour cette raison que les électeurs des États-Unis n’ont pas permis qu’une femme perce le plafond de verre ? La grandeur du parti démocrate aura été de laisser une candidate expérimentée se hisser au plus haut échelon du pouvoir.

Or si la culture du patriarcat infantilise la femme, c’est à elle de faire valoir sa nature réelle, positive, intuitive, équilibrée. À elle de mettre en avant la puissance fine de son intelligence et de sortir du sillon de son père pour assumer pleinement sa version du pouvoir.

Le changement de paradigme que nous attendons viendra de cette femme-là. En prendre conscience transformerait déjà notre vision du futur.

La fin d’une civilisation

Ainsi, les élections américaines ont débuté avec l’espoir de voir un Bernie Sanders nous sortir de la stérilité de l’establishment. Depuis trop longtemps, les multinationales utilisent notre système de droit pour entrainer des petites compagnies dans des litiges idéologiques. Si bien qu’on ne sait plus si, au fil du temps, des juges ont été corrompus par des multinationales ou si ce sont les litiges qui ont corrompu la conscience des PDG qui font pression sur nos juges.

Quoiqu’il en soit, nous sommes désormais les malheureux héritiers de cette culture du capitalisme sauvage, que d’autres nomment la liberté des marchés ou mondialisation. Et l’élastique tendu de la concupiscence se fracturera à mesure que la conscience des peuples trouvera la volonté d’assumer une période nécessaire de chaos. C’est le sens même du résultat électoral américain et celui du Brexit.

Et lorsque nous marcherons sur les ruines du néolibéralisme, peut-être tendrons-nous enfin l’oreille à la femme qui a conservé intacte sa préscience intérieure face à l’équilibre des choses. Ce jour-là, l’humanité reconnaitra la direction à prendre et se sortira enfin du statu quo; nos institutions seront bâties par les femmes et par les hommes, main dans la main. Ce jour-là une réelle égalité engendrera une réelle fraternité, et la femme s’offrira enfin une liberté à sa hauteur.

L’élection de Trump n’est que le commencement d’une longue mutation de la conscience des peuples. Et la conscience n’est jamais cynique lorsqu’elle se réveille.