Évidemment, le peuple aimerait bien savoir si c’est vraiment un bon plan de détruire les structures qui assurent la cohésion de notre État. Mais nous ne le saurons que lorsque nous marcherons sur ses ruines.
En attendant, quelqu’un quelque part prive le peuple de ce qui l’enrichit et le stabilise en détournant l’État de ses intérêts, lui faisant miroiter le succès. Qui va en profiter?
Évidemment, la commission Charbonneau a ciblé des syndicats, des hommes d’affaires. Mais jamais elle ne s’est autorisée à monter vers les partis politiques. Pourtant, c’était bien la raison de la demande populaire de cette commission. Elle est passée à côté de sa cible, et nous voilà plus cyniques et suspicieux.
L’UPAC poursuit son travail avec précision, nous délivrant toujours un peu plus d’informations, pas trop. Et on arrive avec ce tableau qui circule sur les réseaux sociaux. Tony Accurso a investi des millions dans son «fleuron québécois» et au PLQ; CUSM, SCN et Roche sont incestueusement associés au PLQ. Le directeur de SNC est le mari de la ministre Weil, co-cheffe actuelle de Couillard, et Sam Hamad, également co-chef, a ses entrées à la compagnie Roche. Mais ne voilà que l’aspect visible de la structure réelle de gouvernance. Et ce n’est pas pour ce monde parallèle que nous avons voté…
Lorsque Jean Charest fut forcé d’accepter la commission Charbonneau, son étoile pâlissante faisait paniquer les dirigeants de l’État parallèle. Il fallait trouver une alternative à Charest mais aussi au PLQ qui allait pâtir de sa réputation de corrompu.
Le fédéralisme, simple outil de contrôle de nos richesses
Après lecture du livre de Richard Le Hir Charles Sirois, l’homme derrière François Legault, on comprend que quelqu’un, quelque part, avait intérêt à s’assurer que le PQ, dont les forces progressistes sont encore bien vibrantes, ne gagne pas ses élections. Le fédéralisme à tout prix n’est pas une idéologie mais un outil de contrôle de notre richesse et de nos ressources dont le plus grand bénéficiaire est Power Corporation. «Son engagement fédéraliste est subsidiaire, dans la mesure où il a toujours cru qu’il parviendrait plus facilement à ses fins dans un Canada fédéral que dans un Québec indépendant», écrit Le Hir.
Difficile de croire qu’un seul homme puisse tirer tant de ficelles?
Dans ce livre, nous apprenons comment Paul Desmarais a créé la CAQ avec son ami Lucien Bouchard, et les bons services d’un Charles Sirois, redevable de quelques fiascos d’affaires. À l’aide du réseau de Desmarais, Sirois va offrir le support nécessaire à la Coalition avenir Québec de François Legault.
Théorie du complot ou juste immense fraude
François Legault a apparemment été repêché du PQ alors qu’il s’attaquait à la monumentale fraude du PLQ à travers le FIER, dont Charles Sirois était le plus grand bénéficiaire. Ce FIER était un outil de rayonnement pour les entreprises des régions, fonds qui a été détourné par des gens d’affaires affiliés aux Desmarais (idem pour la Caisse de dépôt et Hydro).
François Legault aurait reçu des menaces qui ont mis fin à ses ardeurs de dénonciateur. Puis on lui a fait miroiter sa gouvernance, propulsée par la force d’une équipe gagnante, sous la supervision de Sirois, bref l’État occulte du Québec.
Mais là n’est encore que la surface d’une vaste arnaque. On apprend également dans le livre de Le Hir que le problème mondial de liquidité est un coup du Groupe Carlyle, dirigé par le demi-frère de Nicolas Sarkozy,Pierre-Olivier (Nicolas doit son élection gagnante à Desmarais).
Ce groupe privé n’est pas inscrit en bourse et donc nullement tenu de divulguer de l’information sur son capital-actions… Parmi les investisseurs et conseillers figurent Paul Demarais (Power Corporation) et Laurent Beaudoin (Bombardier). Donc, les deux seuls sièges canadiens sont … du Québec. La version anglaise de Wikipédia mentionne aussi Frank McKenna (l’un des sabordeurs du Lac Meech). McKenna et Desmarais sont membres du groupe Bilderberger.
La réingénierie de l’État
Nous savons que les crises financières ne sont pas que le fruit hasardeux de jeunes spéculateurs euphorisés par la cocaïne. Au contraire, elles sont liées directement à des intérêts privés qui provoquent des crises au gré de leur croissance. Et pour garder le contrôle mondial des richesses, ces gens s’approprient des structures de nos États nationaux au détriment des intérêts du peuple qui pourtant leur prête l’argent et non le contraire.
«En 2003, le Groupe Carlyle achète à l’État français les locaux de l’Imprimerie nationale, qui est démantelée, pour 85 millions d’euros. L’État lui rachète en 2007 ces mêmes bâtiments pour en faire le nouveau ministère des Affaires étrangères, pour 376,5 millions d’euros, soit 4,5 fois le prix de départ après environ 120 millions d’euros de travaux», est-il mentionné sur Wikipédia. Lire: on a privatisé le ministère, autrement dit on l’a restructuré pour que s’y infiltrent les intérêts privés du Groupe.
Voilà ce qu’on appelle la réingénierie de l’État: l’entrée des corporations. C’est ce à quoi a procédé Jean Charest dès son entrée au Parlement en 2003, avec les Fabfourteen.
En 2012, Desmarais a estimé à tort que Charest avait porté un coup fatal au PLQ (comme ce fut le cas avec le scandale des commandites du PLC). L’homme d’affaires craignait de perdre le contrôle de l’État et de nos richesses. Il a donc cru plus prudent de créer un autre parti pour se garantir le plein contrôle du prochain gouvernement, la CAQ, et il a pris soin d’y faire annuler par Sirois la question nationale.
L’histoire nous montre l’incohérence du peuple québécois: après avoir trépigné pour avoir la commission d’enquête et faire la lumière sur les fonds occultes des caisses électorales, il vote à nouveau pour le parti le plus corrompu. Estimant que tous les partis se valent dès lors qu’ils enfreignent les règles. Être corrompu à 99% ou à 1%, pour les Québécois, c’est pareil.
Mais, bien au-dessus de ces futiles considérations éthiques, pour Desmarais comme pour Sirois, le prochain premier ministre, CAQ ou libéral, allait devoir se souvenir de qui l’aura «fait roi», avant de servir le peuple.
Le livre de Le Hir conclut en référant au documentaire The Corporation qui décrit la recherche pathologique du profit et du pouvoir de ces familles internationalement enchevêtrées derrière des paravents. Nos États sont aujourd’hui dirigés par des hommes et des femmes au service d’entreprises privées occultes, infiltrées dans nos leviers économiques. Toute création de richesse produite par le peuple lui file des doigts pour enrichir ce monde parallèle.
Et il semble qu’une large portion de la population ferme les yeux pour en profiter ou par crainte des représailles, ce qui revient au même.
Une fois qu’on sait ça qu’est-ce qu’on fait ?
Évidemment si la commission Charbonneau avait eu l’autorisation de dénoncer les fraudes de nos élus, nous aurions pu remonter jusque vers leur protecteur. Évidemment, si la police n’était pas elle-même liée à un interdit de publication de preuve qui entacherait un dirigeant, nous pourrions remonter à la source. Couillard le sait. On ne peut arrêter un élu sans devenir soi-même le coupable. C’est sur cette fraude juridique que repose le droit des élus de détourner sans tracas notre richesse vers quelques familles qui le leur rendront bien.
Mais lorsqu’on a fait la lumière sur toutes ces magouilles – dont le système judiciaire se fait complice – ça nous donne quoi de savoir ça? C’est pour cette raison qu’on vote encore pour le parti libéral du Québec. Et Couillard l’a très bien compris. La CAQ, dorénavant inutile, sera démantelée et l’Empire peut toujours dormir tranquille, tout en s’occupant d’en finir avec le seul irritant: PKP.
Sortir du cynisme
Durant mes études en psychologie, j’ai fini par me demander: qu’est-ce que ça donne de savoir de quelle dysfonction ou maladie on peut être affligé, si on ne peut agir sur elle?
Aujourd’hui, après des années de recherches, je peux indiquer comment guérir une pathologie en brisant le conditionnement. La clarté qui découle de ce processus est à la fois extrêmement créative et très productive.
On nous parle sans cesse de productivité mais dans un État empreint d’opacité, les prédateurs détruisent nos élans et richesses.
Ce système va se retourner contre lui-même et c’est pourquoi la majorité silencieuse attend que ça passe. Mais qu’est-ce qui nous empêche d’ores et déjà de mettre en place les premières pierres de la prochaine fondation?