Pour le Droit des Femmes (PDF) vient de célébrer sa première année d’existence, le 14 novembre 2014. Ce mouvement féministe, mixte il faut le souligner, remet à l’honneur la femme dans sa définition primordiale. Les hommes sont enfin les bienvenus dans un défi qui les concerne : la cause des femmes pour laquelle ils font partie de la solution et pas seulement du problème. PDF en est à remettre la barre à sa place sur la clarté de la cause du féminisme : l’égalité entre les sexes. Depuis quelques années, le mouvement féministe dérive vers une redéfinition de la femme qui sert plutôt, et très subtilement, l’habituelle suprématie des hommes plutôt que de continuer la lutte pour l’égalité. La table est donc mise pour des discussions passionnantes dans le but d’établir un partenariat réel d’égalité entre les hommes et les femmes. Ce partenariat remet au centre la dignité humaine.

PDF a réussi à monter en un an une vision structurée de ses aspirations et peut désormais consolider ses appuis, maintenant qu’une base peut accueillir plus de membres. Michèle Sirois, la présidente fondatrice, sait s’entourer de femmes riches en expériences, en expertises et en arguments clairs et convaincants pour déconstruire les nombreuses déformations qui s’insinuent dans la définition même d’une femme depuis des années. C’est un défi de taille, mais la pertinence et l’intelligence des femmes de PDF donnent à espérer que la femme soit respectée pour ce qu’elle est intrinsèquement, sans dénigrement de sa nature même.

 Comme le disait de Beauvoir : « On ne nait pas femme, on le devient ». On pourrait en dire tout autant pour les hommes. Sur quelle base le devient-on ? Sur celle de notre nature. Se comprendre, se connaitre, s’accepter, traverser les mutations de son corps sont autant d’initiations qui nous permettent de nous affranchir de l’enfance, de ne pas nous accrocher éperdument à l’innocente jeunesse, d’avancer en âge dans le respect du corps que l’on a reçu.

Le respect du corps…. Cette bête parfois indomptée qui nous empêche de grandir vers l’âge adulte doit trouver son équilibre avec l’esprit. Dans le monde moderne, l’esprit qui nous lie intuitivement à la nature des choses, il semble que nous l’ayons éjecté de la définition de l’humain pour le réduire à une opération comptable. Dans ce monde privé d’esprit, nous pouvons dorénavant nous faire croire que tout est permis, que toutes les lois de la nature peuvent être soumises à la jurisprudence comme si l’être humain n’était qu’un compromis mathématique. Par la pression de droits individuels, nos instances sont devenues complices de notre moderne propension à déformer la nature des choses : cette vision n’est pas progressiste, mais dégrade l’humain.

Des causes qui ne regardent pas la femme

Le corps de la femme a toujours été l’objet d’une fascination ou un objet tout court. Dans cette modernité, certaines femmes acceptent de laisser les hommes définir l’usage de ce corps pour combler leurs besoins et ce que nous devrions penser de nous-mêmes pour satisfaire leur vision patriarcale. PDF tente de contrer ces initiatives anti-femmes qui brouillent la définition de la femme au service de causes qui ne la regardent pas. Il s’agit d’un sournois assujettissement qui soutire l’empathie de certaines d’entre nous, incapables de trouver des arguments pour contrer ce retour subtil à l’inégalité des sexes. Ce recul en dit long sur le conditionnement des femmes à se laisser définir constamment par les hommes lorsqu’ils déforment sa réalité en la dissociant de son tout. Rappelons-le, la suprématie de l’homme est culturelle et non biologique. Une culture, c’est difficile à changer.

Entre autres déformations, PDF questionne les demandes des transgenres (à ne pas confondre avec transsexuels qui ont fait une réelle démarche pour changer de sexe) qui tentent d’utiliser la plateforme féministe pour s’arroger des droits. Des « Queer », pour être plus précis, voudraient que le lobby des femmes défende leur cause alors même qu’ils n’ont pas fait la moitié du chemin pour en devenir une. Qu’en sera-t-il de la préservation de l’intimité des lieux publics réservés aux femmes ? Si les transgenres deviennent féministes, est-ce pour défendre l’égalité des femmes ou pour user d’une plateforme à défaut de trouver une crédibilité pour se défendre eux-mêmes?

Et cet autre cas, dont la demande croitra certainement depuis la légalisation des mariages gais tout louables qu’ils soient : des couples homosexuels revendiquent le droit de faire des enfants en se servant de femmes « pondeuses ». Sous le prétexte que les hommes subiraient une injustice biologique qui les rend incapables de faire des enfants, on y vend la noblesse de fonder une famille sur le dos des pauvres femmes (« Qui, on s’en doute, ne viennent pas de Westmount » dixit M. Sirois). Ces messieurs tentent de redéfinir ce qui est juste à leurs yeux pour le sort des femmes alors même qu’ils le font pour servir leurs intérêts en premier. La nature n’a pas octroyé aux hommes le pouvoir de procréer et certains y verraient dorénavant une injustice biologique pour laquelle la femme devrait payer de son corps à elle ?

Ces revendications mâles modernes favorisent la dégradation de la nature féminine dont la définition de l’appareil reproducteur ne devrait pas être vue comme une usine à bébé, mais d’abord comme le fruit de l’amour. Il en va ainsi de fondements de la vie étonnamment dénaturés par certains comme s’il s’agissait d’une banale altération de chemise. Et certains mouvements féministes acceptent cet avilissement de leur nature propre. Comment devenir empathique à une telle cause alors qu’on demande encore au corps de la femme de servir l’homme, celle en particulier qui en arrache déjà dans la vie et qui, pour arriver à la fin du mois, acceptera une telle demande ? Il faut protéger le corps des femmes contre toutes les formes d’intrusions. On ne peut légaliser cet acte payé dont l’usage du corps ne serait pas le choix premier d’une femme si elle pouvait se passer de l’argent.

Ce qui nous amène à la question de la prostitution. Toutes les femmes ne se sentent pas interpelées par ce sujet qui semble ne concerner qu’une partie de la société. Une partie ? Dans les territoires où la prostitution a été légalisée, le taux de croissance est monté en flèche. En Allemagne à 60%. En Thailande, 90% des touristes s’y rendent pour profiter de services accessibles de prostitution, développés spécifiquement pour eux ! Et cette activité, d’après le professeur Richard Poulin, aurait aussi été financée par le FMI et la Banque mondiale pour relever l’économie du pays. Et ça ne concerne pas tout le monde ? L’économie est tellement au cœur du discours ambiant qu’on oublie la dignité humaine. Protégeons nos filles et aussi nos garçons.

Voilà donc quelques enjeux sur lesquels PDF tentera de mettre un éclairage de redressement du réel. Bien d’autres sujets sont préoccupants dont la culture du viol qui devrait dorénavant attirer l’attention de toute la société. Plus que jamais, nous avons besoin des hommes. Les hommes sont nos partenaires et à dire vrai, les premiers à pouvoir aider d’autres hommes à sortir de la culture de leur suprématie. Ces hommes qui s’associent à PDF nous sont précieux comme la main gauche l’est pour la main droite. Et à ce stade-ci, il semble que la révolution de la femme passe aussi par la révolution de l’homme. Alors, ensemble, avançons!