L’article 1 du Parti québécois a été utilisé par tous les gouvernements de toute allégeance qui ont eu à cœur les intérêts de notre nation unique en Amérique du Nord. Il est arrivé à maintes reprises qu’un gouvernement du Québec doive s’opposer à Ottawa pour assurer la cohérence de l’esprit du Québec. Cet esprit qui nous distingue sera, espérons-le, tout autant défendu par notre nouveau premier ministre libéral avec la même vigueur face à ce qui entrave notre épanouissement.

En définitive, il n’y a qu’une portion de l’article 1 qui paralyse l’évolution du Parti québécois, dont l’«objectif premier

[est] de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement.» Le référendum est devenu avec le temps une idéologie quasi mythique qui empêche les péquistes de voir d’autres modes de consolidation de frontières nationales, en cette ère de mondialisation. Dorénavant, le PQ devrait se pencher sur tout ce qui pourrait entraver le rayonnement de notre esprit plutôt que de penser à nous enserrer dans le mode traditionnel des frontières. Le Québec doit devenir un pays en tant qu’État de conscience libre. En cela notre souveraineté n’est pas reposante et ne le sera jamais…

Chaque nation a un esprit. L’esprit est souverain en soi. Cette souveraineté d’esprit caractérise déjà le Québec sur le plan de la culture au sens de manière d’être. La force du peuple québécois réside dans sa conscience créative. L’interaction avec une mentalité conservatrice ou traditionnelle engendre nécessairement une tension, telle qu’on peut la ressentir par exemple à l’égard du gouvernement fédéral actuel ou des fanatiques religieux, qu’ils soient catholiques, musulmans, juifs, etc. La conscience créative du Québec ne pourra s’épanouir que dans la mesure où ni le gouvernement provincial ni le gouvernement fédéral ne l’enfermeront dans la partisanerie.

Une conscience ne dort jamais. Or pour garder les consciences en éveil, il faut leur donner des chocs. Autrement, les gens se rendorment dans le confort et l’indifférence. Devenir prospère ne développe pas la créativité. Au contraire, plus les gens s’enrichissent, plus ils ont peur de perdre leurs avoirs parce qu’ils ne veulent pas quitter le confort et l’indifférence. Ils veulent se rendormir…

Cela dit, un esprit libre et créatif ne peut émaner que de consciences individualisées et non pas d’un troupeau. À l’heure actuelle, beaucoup de gens se croient individualisés alors qu’en fait, leur liberté repose sur bien d’autre chose que leur conscience créative propre. Ce n’est pas le compte en banque ni les croyances religieuses qui font de nous des êtres créatifs, mais le fait de se libérer de toute forme d’aliénation, de tout attachement au connu.

La souveraineté du Québec n’est plus une affaire de groupe parce qu’elle n’est pas une souveraineté au sens traditionnel. Seule la conscience individuelle peut devenir autonome et créative. Créer, c’est capter l’inconnu. Un peuple créatif est un peuple libre. Et le Québec a ce potentiel pourvu que sa conscience reste éveillée. Ceux qui croient que le Parti libéral va nous offrir un moment de paix durant 4 ou 5 ans ne pourront sommeiller longtemps. Observez plutôt : le Québec ne sera jamais une nation qui dort. Son ADN est marqué par le sceau de l’éveil.

La raison d’être de notre créativité : confirmer sans cesse le pays du Québec, son existence libre. Contrairement aux prétentions de François Legault, le pays du Québec n’est pas imaginaire et il existe déjà au-delà de conditions économiques, à travers une multitude de personnes qui cherche l’épanouissement de leur conscience créative. Ces individus conscients de plus en plus nombreux veulent se créer un monde qui respire autre chose que les promesses creuses de gouvernements qui répondent d’abord aux agences de cotation. Le pays du Québec se bâtit et se définit chaque jour, non pas grâce aux pactes de dérèglementations signés par nos élus au profit de multinationales qui saignent les avoirs des peuples, mais bien par le patient travail de recherche de soi : rester intègre et allumé devant la corruption, le mensonge, la désillusion, l’aliénation, l’ignorance, la bêtise, la dégradation. Ces individus constituent le rayonnement du Québec en tant que frontière ouverte et fluide. Ils sont les garde-fous de la société.

Le Québec est déjà souverain

Rien ni personne ne peut empêcher cette conscience créative de se déployer parce que le rayonnement ne connait pas de limites. La nation québécoise est portée par sa lumière. Cette richesse créative dérange en premier lieu nos voisins anglophones, mais aussi à l’intérieur, elle perturbe ceux qui préfèrent le confort et l’indifférence, qu’ils appellent aussi « leurs intérêts ».

La conscience créative du Québec tolérera de moins en moins l’emprisonnement, le préjugé. Et plus elle s’éloignera d’un passé inhibiteur, telle l’idée d’un référendum sur la souveraineté ou d’un statu quo fédéraliste, plus sa radiance deviendra perceptible. Ce sera alors la consécration de la souveraineté du Québec pour ceux qui sauront ce que signifie réellement le sens des mots liberté d’esprit.

Sortir du connu, c’est ce que le Parti québécois est appelé à faire aujourd’hui. René Lévesque a créé ce parti en tant que libérateur du peuple et sa mission est accomplie. Le peuple est libre. Si René Lévesque s’est adressé à l’âme du peuple, à savoir sa mémoire passée, le Parti québécois doit interpeller en 2014 l’esprit de l’individu, à savoir sa mouvance lumineuse, la part de soi qui jamais ne dort ni ne s’éteint. Ainsi un parti politique pourra être le catalyseur d’esprits libres qui feront rayonner souverainement le Québec.

Sur le plan constitutionnel, tout ce que le Québec décidera pour lui-même sur la base de cette conscience créative sera incontestable. Chaque individu responsable de sa propre liberté créative accroitra le rayonnement du pays. Le Québec est déjà souverain car personne ne peut interdire l’esprit libre à moins qu’il ne s’interdise lui-même.