Le rêve est le catalyseur du désir. Il a la capacité d’harmoniser les desseins de l’esprit à ceux de l’ego terrestre. En quoi il a un effet adoucissant. Ainsi le rêve a pour vocation de ranimer dans notre psyché le sens de notre évolution, en fonction de désirs propres à notre âme.

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Le rêve est donc aussi le porteur de messages concernant la psyché du rêveur. Rêver, c’est bien. Décoder ses rêves, c’est donner accès à l’inflexion de l’ego, à savoir se donner le droit de changer, de devenir autre que ce à quoi nous nous attendons. Exprimer ses rêves délivre l’ego d’une tension et libère l’action potentielle pour la réalisation du rêve. Enfin, savoir à quoi sert notre rêve provient du haut lieu de la conscience humaine.

Résumons. Rêver, c’est s’élever vers l’esprit, le point le plus haut de son Observatoire intérieur individuel.

Lorsque nous sommes déçus à répétition par nos rêves, nous croyons souvent à tort qu’il faille les abandonner. La plupart du temps, c’est le contraire, pour autant que le rêve porté par l’ego terrestre corresponde au projet de l’esprit. Ainsi, ce qui empêche de rêver est souvent la crainte d’être déçu. Pourtant…

La déception permet l’anéantissement de la croyance, de la foi pour les transmuter en réalité. Ce qu’il va rester au final de l’ascension vers le rêve n’est pas sa portion comptable (attente de résultat, de récompenses, sentiment d’injustice, etc.) mais la découverte du réel. Dans cet espace, nous contactons notre conscience agissante. C’est là que nous devenons souverains. En esprit.

Ce qui nous amène à dire, en ce jour de fête nationale, qu’à l’Assemblée nationale, toutes les particules de bonne volonté sont anéanties par la déception. Nos élus font partie intégrante du peuple. Ils sont d’abord comme nous tous, des citoyens qui rêvent d’un environnement meilleur. Comme nous, ils ne savent pas toujours comment réaliser ce qu’ils ont annoncé. Par manque de compétence psychique. Ils sont le reflet de la conscience du peuple. Et présentement ils expriment nous sommes nombreux à ne pas avoir de pouvoir sur nos rêves. Quand nos rêves ne sont plus que des attentes frustrées ou oubliées, ils ne peuvent qu’avoir un sens comptable ; ils sont prisonniers d’un sentiment qui prend en otage la lumière même qui crée le rêve. Dans cet espace sans air, la grande majorité attend de la société au lieu de lui donner.

Attachés à nos acquis, à notre pouvoir d’achat, à cette qualité de vie paradoxalement polluante, nous sommes tous, qu’on le veuille ou non, devenus confinés par ce point : l’argent.  Comme si ce lien suffisait à contrecarrer nos rêves, à brimer notre faculté de voir autrement. Le simple fait d’en avoir besoin, nous maintient dans un système avec chacun notre part d’épreuves pour sortir de l’aliénation qu’il cause, de l’arrêt du rêve. Nous sommes tous dans le même bain, par défaut.

Nous cessons aussi de rêver, lorsque nous décidons de ne pas faire partie de ce monde parce qu’il nous a déçu. S’éjecter ou se sentir rejeté, nous conduit à garder nos rêves pour soi et cache une blessure. Revenir dans la société est un appel à l’humilité et non à l’humiliation, à la persévérance et non au ressentiment, à un amour de soi plus grand et non à un mépris face aux moins conscients, à un développement plus défini de ses talents, de ses projets plutôt qu’à l’envie ou au dégoût d’une réussite conformiste, à une maturité aboutie plutôt qu’à la colère de ne pas être compris. Chaque personne qui s’individualise a besoin de mesurer son pouvoir de rêver dans la société. Autrement, son esprit ne s’ajuste pas à son corps (ses cellules); aussi bien dire qu’une telle personne a cessé de respirer ici-bas…

S’il est vrai que s’isoler est nécessaire à l’individualisation, à long terme l’individu doit amener son intégralité dans le monde organisé, quel qu’il soit. D’une part, il a besoin des structures collectives pour rayonner : tout le monde bénéficie des égouts, eau potable, hôpitaux, métro, routes, parcs, bibliothèques, etc. Cela découle des institutions politiques. D’autre part, lorsque nous manifestons notre rayonnement dans la société, nous sommes constamment testés dans notre intégrité, ce qui développe notre force psychique et mentale. Dit autrement, trop s’isoler nous prive d’évoluer.

Rêver, c’est donc se remettre en marche vers son étincelle, par sa seule force, en apprenant à supporter le temps. Cela signifie résister à l’épreuve des déceptions successives qui nous font décrocher du monde. Rêver, c’est accepter de pagayer à contrecourant jusqu’à ce que le sens de notre intégrité soit inébranlable. Ainsi on accède à son étincelle. Il suffit de peu de ces personnes éclairées pour changer le sens de l’inconscient collectif, pour changer le monde.

Pagayer, c’est le lot d’une conscience qui ne dort jamais. Pagayer, non dans un esprit de guerre pour en finir avec ceux qui ont cessé de rêver, mais dans un esprit de paix, chacun veillant à ne pas interrompre sa propre évolution. De  tels individus changent le monde parce qu’ils le gardent vivant. Ainsi nous bâtissons notre force individuelle réelle. Ainsi nous bâtirons ensemble un projet, un destin, un pays, une planète un univers…