Faire la paix avec soi

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Faire la paix avec soi

Cet article a été publié dans le magazine Vivre, mars 2016

 

Il existe deux façons d’être qui, parfois, dérangent les autres : s’épancher ou s’exprimer. Bien souvent lorsque nous sentons que nous dérangeons, notre paix s’érode et nos vieilles blessures refont surface. Alors comment établir une paix qui soit durable?

Curieusement, dans notre vie, il y a toujours une personne ou une situation qui vient écorcher nos sensibilités, un peu comme une invitation à observer notre Soi dans sa dimension la plus profonde.

Par peur d’être blessé
Dès lors que nous refusons cet appel, nous avons tendance soit à tenir nos proches loin de notre intimité, soit à durcir notre carapace pour nous protéger et éviter d’être à nouveau trahi, déçu, incompris, bref heurté.

Mais ce mur dressé entre nous et les autres peut aussi nous faire manquer d’oxygène en raison du trop-plein d’émotions non résolues qui deviennent de plus en plus difficile à refouler. C’est à ce moment que l’anxiété, voire les crises de panique, surviennent et que nous choisissons de nous confier ou de consulter un psy. Nous apprenons alors à parler de nous pour retrouver la paix avec nous-mêmes. Mais est-ce vraiment toujours de nous-mêmes que nous parlons?

S’épancher, ou déverser le trop plein
Lorsque nous réussissons à exprimer nos sentiments, nous trouvons une certaine paix, mais souvent elle ne dure pas. En fait, au début nous déversons surtout un trop-plein d’émotions : frustration, colère, rage, tristesse, etc. Toutes ces émotions accumulées au fil des événements ont été cristallisées en structures de défense, structures qui contiennent nos sentiments – abandon, domination, intimidation, rejet, trahison, etc. – et qui affectent aussi bien notre état psychique que notre santé mentale.

Avec le temps, soit nous en venons à comprendre le sens de nos émotions, soit nous nous enlisons dans l’épanchement. Poussé démesurément, l’expression du trop-plein émotif peut conduire à toutes sortes de déviations : déversement verbal, épuisement professionnel, alcoolisme, violence, sport extrême, détresse sexuelle, désinformation, etc.

Projeter son trop-plein à l’extérieur
Ces déviations révèlent que nous n’avons pas d’autorité sur nos émotions et que nous demandons aux autres, ou à notre corps, de gérer notre chaos psychique à notre place. Résultat? Nous devenons lourd ou envahissant pour notre entourage, souvent sans même nous en rendre compte.

Ce réflexe de projeter notre trop plein à l’extérieur est normal, mais user de cette soupape abusivement conduit à un affaiblissement de notre vitalité. Et plus nous sommes fatigué, moins nous sentons la force de prendre en charge nos émotions ainsi que toutes les mauvaises décisions qu’elles engendrent. Il en résulte une forme de sabotage inconscient de notre autorité individuelle.

Pourquoi tout le monde m’évite?
Si vous constatez qu’on vous évite, peut-être devriez-vous considérer l’idée de faire une introspection… Si vous avez repoussé au fond de vous-mêmes une part du trop-plein émotif, peut-être réaliserez-vous que votre souffrance est toujours bien présente. L’émotion refoulée ne s’évapore pas, elle doit être digérée de l’intérieur et non pas projetée à l’extérieur, un travail parfois fastidieux, lent, voire même pénible.

Arrivé à ce stade, votre sensibilité veut vous conduire vers un autre niveau de conscience et pour y parvenir, le « moi en détresse » a avantage à comprendre que l’émotion n’est pas une soupape de soulagement perpétuel. Lorsque vous vous servez de vos émotions pour vous plaindre, pour vous « déverser » sur les autres, vous n’utilisez pas votre potentiel évolutif, mais involutif. Vous perdez de l’énergie et en faites perdre aux autres. Vous devenez ce que l’on appelle un « vampire d’énergie » et les gens auront le réflexe de vous fuir. Vous les dérangez parce qu’ils sentent que vous n’êtes pas vous-même.

S’exprimer, ou partager ce qui nous habite
Anéantir les structures de défense que vous avez construites inconsciemment avec le temps vous permettra d’exprimer votre sensibilité sans vous plaindre ni déverser votre trop-plein. Vous découvrirez que ce ne sont pas les émotions qui tiennent les structures du Soi en place, c’est votre tension créatrice, cet élan intérieur qui vous invite à l’action. C’est donc elle qui vous rend si émotif. Dès que vous sentez ne pas avoir la force de soutenir cette tension créatrice, source du Soi, vous vivez des émotions.

Lorsque nous cherchons à contrôler ces émotions, alors de fausses structures s’érigent en mécanismes de défense autour du Soi et si nous nous exprimons à partir de ces fausses structures, de ce faux-moi, alors une souffrance peut s’accumuler jusqu’à devenir insupportable. La fonction de notre tension créatrice est de soutenir notre moi réel. Lorsque nous insistons pour protéger notre sensibilité contre nos vielles blessures, notre tension créatrice est détournée de son flux vital et utilisée pour maintenir la structure des mécanismes de défense, nourrissant ainsi la détresse.

Nous sommes seuls maitres de nos émotions
Nous pouvons acheter la paix en nous déconnectant de nos blessures. Nous pouvons nous croire en paix lorsque nous déversons nos émotions sur les autres ou que nous les refoulons dans notre corps. Mais dès lors que nous acceptons que personne n’est tenu de nous comprendre, de ramasser notre trop-plein ou de deviner nos besoins, nous utilisons notre système émotionnel pour notre évolution.

Alors ce que nous exprimons n’est plus du déversement, mais l’expression pure de notre Soi. Cette prise de parole authentique agit comme un puissant nettoyant qui dégage le Soi de ses mémoires toxiques.

Pour se libérer de ses bleus intérieurs…
Le plus grand exercice d’humilité qu’un être puisse faire pour se libérer réellement de ses bleus intérieurs est celui de parler sans filtre, sans se condamner, sans laisser le jugement des autres l’écraser. Faire la paix en soi, c’est d’abord parvenir à « être » soi. Peut-être dérangerez-vous les autres parce que vous êtes vous-même, mais vous les inviterez à faire la paix pour être aussi eux-mêmes.
Reprendre autorité sur notre vie
Nos émotions n’appartiennent qu’à nous et c’est à nous que revient la responsabilité d’en faire une bonne gestion…

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