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Dormir est crucial, c’est tout sauf une perte de temps!

Bien dormir est important, non seulement pour se sentir de bonne humeur et énergique, mais aussi pour jouir d’une bonne santé à long terme. Durant le sommeil, plusieurs processus physiologiques s’accomplissent : les tissus du foie et des muscles se régénèrent, le système immunitaire refait ses forces, la mémoire se consolide, etc. C’est durant le sommeil que la sécrétion des hormones de croissance est la plus élevée. Le cerveau profite aussi de ce répit pour éliminer ses « déchets » grâce aux antioxydants. Cependant, on ne sait pas encore grand-chose sur la façon dont le sommeil déclenche ces mécanismes réparateurs.


En médecine, l’insomnie fait partie de la grande famille des troubles du sommeil, qui inclut notamment la narcolepsie (des entrées subites et imprévisibles dans un état d’endormissement), l’hypersomnie (un besoin excessif de dormir), et les troubles des rythmes circadiens.

L’insomnie (du latin somnus = sommeil) est difficile à définir de façon précise, car il n’existe pas de « norme » en matière de sommeil.

L’insomnie se caractérise par de la difficulté à dormir suffisamment, au point où cela entrave les activités de la vie courante (somnolence, moins bonne attention, irritabilité, etc.). Certaines personnes dorment naturellement peu d’heures par nuit sans répercussion néfaste : elles ne sont donc pas insomniaques.

Généralement, en s’attaquant à la cause de l’insomnie, la plupart des gens retrouvent un sommeil réparateur après quelques semaines.

Types d’insomnie

On distingue 2 types d’insomnie :

  • l’insomnie passagère : les symptômes sont reliés à une situation ponctuelle souvent facilement identifiable (une période plus stressante au bureau, un divorce, etc.) – ce type d’insomnie peut néanmoins durer plusieurs semaines;
  • l’insomnie chronique : la difficulté à dormir doit se manifester au moins 3 nuits par semaine, durant au moins 1 mois.

Notez que la limite entre ces 2 types d’insomnie n’est pas toujours claire.

Qui est touché?

Selon la dernière Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, environ 13 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus font de l’insomnie chronique1. Selon cette même enquête, 36,5 % des insomniaques ne se sentent habituellement pas reposés au réveil, tandis que seulement 9,2 % des gens qui disent ne pas faire d’insomnie sont fatigués le matin. L’enquête révèle aussi que les personnes touchées par l’insomnie dorment en moyenne 1 heure de moins par nuit que les gens qui n’en font pas1.

 Les statistiques sur la prévalence de l’insomnie varient toutefois d’une source à l’autre, car les « critères d’insomnie » utilisés dans les enquêtes ne sont pas toujours les mêmes. Certains chercheurs se fondent sur la durée des symptômes; d’autres, sur leur degré de gravité; d’autres encore, sur leur présence ou non. Le critère le plus souvent employé est la fréquence des symptômes d’insomnie.

Causes

L’insomnie est un symptôme, pas une maladie en soi, un peu comme la fièvre. Avant de penser à la traiter, il faut donc en trouver la ou les causes.

Parmi les facteurs physiques et environnementaux qui ont une grande influence sur le sommeil figurent la luminosité et les bruits ambiants, de même que le contenu et le moment des repas.

Les facteurs psychologiques, comme le stress ou les inquiétudes, jouent aussi un rôle important. Ils compteraient pour 50 % de tous les cas d’insomnie évalués dans un laboratoire du sommeil2.

Outre les facteurs liés aux habitudes de vie et à l’environnement (voir la section Facteurs de risque pour en savoir plus), toutes sortes de problèmes de santé aigus ou chroniques peuvent perturber le sommeil :

  • le syndrome des jambes sans repos, qui se caractérise par des envies irrésistibles de bouger les jambes, surtout durant les périodes de détente ou d’inactivité;
  • l’apnée du sommeil, qui survient en général chez des personnes en surplus de poids ou qui ronflent de façon importante; elle provoque des pauses respiratoires de quelques secondes ou plus à plusieurs reprises durant la nuit, qui peuvent ou non provoquer des réveils conscients;
  • les douleurs chroniques causées par l’arthrite ou un cancer, par exemple;
  • la dépression;
  • des difficultés respiratoires (en cas d’insuffisance cardiaque ou de maladie pulmonaire), le besoin d’uriner la nuit (nycturie), le reflux gastro-oesophagien, l’hyperthyroïdie, la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer.

Lorsqu’un problème de santé physique ou mentale empêche de bien dormir, il est important d’obtenir un traitement adéquat avant tout.

Les besoins de sommeil avec l’âge

Les personnes âgées n’ont pas vraiment besoin de moins de sommeil que les autres adultes, même si plusieurs dorment moins, selon le spécialiste du sommeil Charles Morin, psychologue et chercheur à l’Université Laval de Québec33. Avec l’âge, les périodes de sommeil lent profond diminuent continuellement. Le sommeil étant plus fragile, les personnes âgées sont plus susceptibles d’être réveillées par les stimulations extérieures, que ce soit du bruit, de la lumière ou des douleurs corporelles. Toutefois, en faisant des siestes lorsque nécessaire et en respectant les règles d’hygiène du sommeil (décrites dans la section Prévention), il est tout à fait possible de dormir suffisamment.

                              Les besoins moyens de sommeil8
Groupes d’âge                         Heures par jour                        
0 à 2 mois
2 à 12 mois
12 à 18 mois
18 mois à 3 ans
3 à 5 ans
5 à 12 ans
Adolescents
Adultes
16,5 à 18,5
14 à 15
13 à 15
12 à 14
11 à 13
9 à 11
8,5 à 9,5
7 à 9

Conséquences possibles

Les conséquences de l’insomnie se font vite sentir et incluent : de la fatigue, de la somnolence, de l’irritabilité, des pertes de mémoire et de la difficulté à se concentrer durant le jour. Il est possible d’évaluer son degré de somnolence diurne grâce à un test standardisé comprenant 8 questions. Cliquer ici pour faire le test d’Epworth.

L’insomnie tend à accentuer les symptômes de certains problèmes de santé : les migraines, les douleurs, les problèmes digestifs, etc.

Si le fait de passer quelques nuits blanches occasionnellement n’est pas inquiétant, un manque chronique de sommeil peut chambouler les activités quotidiennes et causer :

  • des difficultés scolaires, en particulier chez les élèves du primaire;
  • au travail, de l’absentéisme ou du présentéisme (être présent de corps et non d’esprit);
  • des accidents au travail et des accidents de la route : la fatigue au volant est impliquée dans 20 % à 25 % des accidents mortels de la route3,32.