Ne plus être empathique sans devenir inhumain mettrait fin au credo du 1% qui s’accapare les richesses collectives vanté par les RH.

Depuis plusieurs décennies, des économistes nous parlent d’empathie. Nous pourrions croire que c’est une bonne chose de promouvoir l’empathie, dans ce monde matérialiste et individualiste. C’est sans compter sur la valeur de l’être. J’en ai parlé dans ce livre.

L’empathie est la « capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent ». C’est limiter infiniment les capacités de l’être à d’abord résonner au respect inné des flux d’énergies d’autrui. En effet, le sentiment de culpabilité, fondement de l’empathie, vole à l’être son essence la plus précieuse.

En d’autres termes, dès que l’être évolue de l’intérieur, il entre en contact avec la valeur universelle de chaque être. Il SAIT intrinsèquement ce qu’est le respect de l’autre.

L’empathie est une disposition mécanique, conditionnée, que l’on peut parfaitement enseigner à de l’intelligence artificielle. Par conséquent, encourager l’empathie plutôt que le développement intérieur risque d’éradiquer la capacité innée de l’être au respect d’autrui.

Devenir empathique ou se polariser

Je crois profondément que l’être humain doit se développer de l’intérieur avant de penser aux autres. S’il ne construit pas ses bases, il ne pourra que se déconnecter d’avantage de lui.

Et c’est bien là, la tendance que nous envoient les réseaux sociaux : plus on est réactif aux autres, moins on n’a la capacité de s’intérioriser. Au lieu de construire notre vitalité à partir de nos ressources naturelles physiques et psychiques, on attire l’attention à l’extérieur pour se nourrir d’un semblant de feu. C’est l’effet de la polarité.

La polarisation est l’irrésistible attirance vers l’extérieur de soi (Voir ce La quête du détachement). Nous sommes programmés dès l’enfance à croire que nous dépendons de notre mère, de notre père, puis de la famille et de la société. Si le parent n’a pas éduqué son enfant à l’autonomie intérieure, à l’âge adulte il aura tendance à se mouler aux autres pour y trouver refuge affectif.

Victime à la recherche d’empathiques

L’avènement du téléphone cellulaire brime le processus d’autonomie des jeunes. Il devient de plus en plus difficile pour eux d’apprendre à s’individualiser, à développer leur force intérieure ou de caractère.

En effet, pour chaque angoisse éprouvée face à la solitude, il y a quelqu’un, quelque chose au bout du fil, au bout de la console vidéo. Si nous ne prenons garde, nous sommes en train de constituer une génération sans force intérieure, déconnectée de ses énergies internes.

Plus un être se déconnecte de son corps, là où se trouve l’abondante richesse naturelle d’auto-guérison, plus il vit de l’angoisse.

Le fait d’être déconnecté de son être amène une confusion entre les besoins du corps et le besoin des autres pour nous réguler. Alors il doit attirer l’attention sur les autres réconforter ses angoisses.

Dès lors qu’il ne trouve plus de source extérieure de réconfort, il crie à l’inhumanité. Et pourtant, c’est bien cette personne, déconnectée d’elle-même, qui est devenue inhumaine…

L’empathie dans les départements des Ressources humaines (RH)

L’empathie, enseignée par toutes les religions, a été transposée, il y a une trentaine d’années par des penseurs de l’économie. Ils ont fait de cet emprunt religieux, le credo d’un continuum d’enrichissement au service du 1%.

Selon le CNRTL, l’empathie est la capacité de s’identifier à autrui, d’éprouver ce qu’il éprouve. Bien sûr, la civilité est de mise dans toutes nos relations.

Mais lorsque le mot empathie sort de la bouche des leaders du 1% comme une doctrine, il se peut que certains se demandent pourquoi ces entrepreneurs en arrivent à autant s’accaparer les richesses collectives.

Faire de l’empathie la seule ressource de bien-être collectif, c’est sans compter sur les forces d’autonomie innées à l’Homme. C’est annuler la grandeur de notre constitution naturelle.

Donner de la valeur à l’être avant les entreprises

L’empathie est inutile pour ceux qui respectent leur corps, leur être, leur sensibilité.

L’empathie n’est qu’une manière mécanique, superficielle de dire que nous ne sommes pas une mauvaise personne. Et s’il y a quelque chose que les entreprises craignent par-dessus tout, c’est de mal paraître.

L’empathie est donc un maquillage bien utile. Et nous ne le savons que trop.

Un être qui reconnaît les lois de son corps, de sa nature humaine développera un respect authentique envers ses semblables, mais aussi avec le vivant. Peut-on affirmer que le 1% est respectueux du vivant ? Alors même qu’il cherche continuellement des manières de se l’approprier avec des brevets et autres stratagèmes ?

Lorsque nous déciderons, en tant que société, que l’être humain est plus important que ce qu’il produit, nous commencerons à respecter le vivant, sous toutes ses formes.

D’ailleurs, toute personne connectée à son être sait que l’empathie ne nous conduit pas à ce respect profond. C’est notre sensibilité qui nous rend respectueux.



La sensibilité n’est pas empathique

La sensibilité est un capteur d’information. Nous sommes comme une antenne. Nous captons l’information mais nous la déformons plus souvent qu’autrement, en raison de notre dépendance à autrui, de nos doutes sur notre propre valeur.

Les gens se coupent en général de leur sensibilité parce qu’elle nous fait sentir vulnérables. Dans le monde économique, où des guerres se jouent de manière agressive, ceux qui obéissent au credo de l’empathie ne pourront jamais atteindre les sommets.

Et ceux qui acceptent les guerres du sommet sont incapables d’ouvrir la porte à leur sensibilité, de peur de ne pouvoir poursuivre leurs ambitions.

Exprimez votre sensibilité et non votre fibre empathique

Protéger son nid, être responsable de son jardin, est fondamental dans l’évolution de l’être. C’est à travers la sensibilité que vous lisez et comprenez le monde. La sensibilité est votre lanceur d’alerte.

Puiser à la source de la sensibilité, c’est permettre un débrouillage de son antenne, c’est puiser à même de ce qui a le potentiel de faire surgir l’impulsion créative.

Être à l’écoute de sa sensibilité, est-ce de l’empathie ? Pas du tout. C’est bien vu d’être empreint d’empathie aujourd’hui. On aime se délecter de cette vertu.

On cherche beaucoup à la développer dans le monde des affaires et des ressources humaines. C’est un concept qui fut crée comme pour se donner bonne conscience face à l’injustice engendrée par le 1%. Se « dire » empathique face au désarroi du monde ne suffit pas. Et c’est une attitude qui n’aide en rien les choses.

Au contraire, elle contribue à donner priorité au monde extérieur plutôt qu’au vécu intérieur.

Osons le dire, elle contribue à se déconnecter de soi. Et s’il y a bien quelque chose de vital et de fondamental, c’est bien de se connecter à soi, de pénétrer les dimensions les plus profondes de son être.

C’est là que réside et coule notre sève intérieure, que fructifie notre être.

Être à l’écoute de sa sensibilité nous force à être un fruit authentique.

Être empathique, ce n’est pas être authentique  Et êÊtre authentique n’est pas être empathique. L’empathie est un idéal de croyance bien/mal, ce n’est pas réel. La sensibilité est bien réelle.

Être soi, prendre sa place dans le monde d’après la valeur de son être, serait le fondement d’une société juste et bienveillante.