Comment se créer du temps au lieu de le subir ? Peut-on l’apprivoiser à notre avantage ou encore être en tandem avec lui d’une façon plus créative? Être l’artiste qui tisse sa chorégraphie à même le temps? Comment changer notre relation au temps pour qu’il ne soit plus un repère ?
Nous limitons le temps à un repère
On se pose rarement la question de notre relation au temps. On se lève, on se couche et souvent on ne le voit pas passer. Le temps file comme on dit! On n’a jamais assez de temps pour faire autre chose que métro, boulot, dodo.
Sans s’en rendre compte, on subit le temps. Le temps nous presse. De plus, la société nous crée sans cesse de nouveaux besoins, des besoins pas si essentiels. Parfois on les utilise seulement pour nous occuper, pour nous évader de la pression du temps.
Si on le créait, le temps ? Si on créait le temps, au lieu de le subir ? C’est ce que je vous propose.
Créer le temps, Voilà ce qui peut nous libérer du « temps » et nous faire sortir de la routine.
Mais d’abord, il faut le définir. Pour Kant, le temps est une forme d’intuition pure. Ce n’est pas un concept. Pour lui, le temps est subjectif à notre propre vécu.
Chaque événement de notre vie pose un jalon qui sert de repère. Avoir des repères est très rassurant. Ils sont des marqueurs utiles.
Par exemple, on se souvient du jour d’anniversaire de notre partenaire, de nos enfants et amis, d’un événement marquant que l’on commémore, on célèbre des rites de passage, etc.
Bref, on codifie tout ce qui nous relie au temps. On lui donne une valeur cyclique. Voilà comment nous enfermons le temps dans une forme plutôt que comme un puits par où passent vos énergies.
Nous utilisons le temps comme un repère, une référence, en raison de l’étroite conscience que nous avons nous-même. Par conséquent, nous avons besoin d’espérer et de nous attacher. Voilà une compréhension bien limitée du temps.
Détruire ses repères pour se créer du temps !
Les repères et jalons furent nécessaires à l’élaboration de notre conscience psychologique, celle qui permet d’imprimer nos expériences servant de repères affectifs. Nous avons besoin de nous s’appuyer sur le connu et le confort qu’un repère procure pour poursuivre notre route sans trop d’angoisse. Sans ces repères, nous devenons inquiets. La détresse qui en découle engendre un spin de pensée. Le marché économique repose sur cette angoisse…
Ne plus subir le temps pour mieux s’épanouir
Au fil du temps, ces repères deviennent lourds et nous confinent. Le symptôme est un mal être, l’impression de ne pas pouvoir s’épanouir.
La conséquence de ce sentiment d’étouffement, de manque d’oxygène, voire d’angoisse, est une créativité réduite à du divertissement. Cela signifie que nous ne maitrisons plus notre vie, nous dépendons des autres pour la créer, nous ne sommes plus l’artisan de notre liberté, de notre vitalité dans le temps présent.
L’attachement à nos repères nous rend moins enclin à la liberté créative. Alors on se tourne vers des célébrations de moments marquants – passés – ou des fêtes commémoratives. Pour éviter de sortir du connu, nous choisissons la formalité. Nous restons à la surface de nos potentiels.
Entrer dans ses dimensions profondes pour se créer du temps
Pourtant, c’est dans nos dimensions profondes que l’on trouve l’étincelle de l’inspiration. Et créer le temps, c’est se donner le moyen de voyager vers notre essence créative, la seule qui apporte une vitalité renouvelée à notre être, qui le sort de l’angoisse.
Pour voyager vers cette étincelle, il nous faut nous défaire de la forme du temps. Briser les repères qui cristallisent une forme, par exemple, un rituel, une superstition. Rompre avec de tels attachements, c’est briser la forme affective connue, habituelle, du temps. Briser une habitude n’est pas d’emblée ce qui nous fait le plus envie.
Plonger dans le vide, être sans repères
En effet, sortir du confort de nos repères, ça prend de l’audace. C’est vertigineux de plonger dans l’inconnu, dans le vide d’un horizon nouveau. Or c’est dans ce vide que se trouve la partie créative de notre être. Celle qui nous permet de créer du temps, de lui donner une valeur qui ne repose pas sur le système existant.
L’argent, marqueur du temps angoissant
Par exemple, le marqueur de temps auquel nous nous identifions le plus est l’argent. Le temps, c’est de l’argent comme on dit. Combien faut-il de temps pour faire tant d’argent? On est payé tant de l’heure. Chaque semaine, je gagne tel montant, ce qui donne x valeur au bout d’une année.
L’argent est le repère qui nous sécurise le plus. Si le temps égale l’argent et si l’argent égale la confiance, donc le temps marque la confiance. Tel est le syllogisme.
Avoir confiance ou conscience
La forme que l’on donne à l’argent repose sur une valeur affective : la confiance.
Changeons maintenant le mot confiance par le mot conscience. Et du coup, nous brisons les règles. Nous faisons voler en éclats les repères qui nous ont façonnés, qui nous ont échafaudés, à travers des croyances telles la sécurité, l’espoir.
Se détacher de la valeur affective de l’argent
Briser la forme de l’argent, c’est-à-dire sa charge affective liée à la confiance nous permet de dépasser la valeur psychologique qui étouffe notre créativité. Briser cette limite face à notre champ de potentialité ouvre notre conscience à d’autres dimensions. Nous connectons par voie directe à Soi.
Cette connexion ne repose pas sur l’attachement à une forme. Car lorsque la conscience s’ouvre, l’individu comprend que la forme est une illusion. Et que la valeur du temps qu’il lui donne (ex. : toujours en manquer), est un leurre.
Pourquoi se créer du temps
Le temps se crée grâce à une conscience en expansion. Elle favorise des impulsions créatives qui régénèrent l’individu, ou appelons-la l’étincelle qui nourrit notre joie de vivre.
L’étincelle créative se situe dans les dimensions profondes de l’individu. Nous pouvons maitriser le temps lorsque nous accédons à notre propre étincelle. Et chaque étincelle donne une valeur plus expansive au temps, un nouveau souffle à la civilisation.
Apprivoiser le vide des repères affectifs nous fera réaliser de grandes choses. Le cerveau cognitif – qui gère notre temps – ne reconnaît pas le vide. Il cherche constamment des repères. Voilà pourquoi nous peinons à nous libérer de la valeur mathématique du temps.
Lorsque nous sommes prisonnier de nos repères (formes étouffantes) notre pensée créative s’éteint et nous recherchons le connu. Craindre de perdre ses repères, ses acquis, cristallise notre pensée créative dans la peur risque. En raison de ce blocage, le monde s’autodétruit en ce moment.
Au contraire, tous ceux qui apprendront à vivre le temps comme un corridor d’où jaillit leur étincelle de création, au lieu d’une forme cyclique et d’un repère affectif, feront un bond de conscience inimaginable.
Ainsi chaque individu qui crée le temps change le monde!
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