Depuis 20 ans, nos écoles ont été sommées d’utiliser des écrans numériques. Aujourd’hui on se dit que nous n’avons pas le choix d’utiliser l’IA dans l’enseignement (ChatGPT, OpenAi, etc). Presque chaque jeune a son cellulaire. Les parents y sont attachés parce que c’est plus efficace et plus sécurisant. Nous avons tous consenti à plus de facilité. Mais à quel prix ?

Après 20 ans d’expérience, — les experts nous en parlent depuis plus longtemps encore — nous savons que les appareils numérique ne font pas que du bien. L’usage des écrans a révélé ses effets néfastes et pas seulement chez les jeunes : isolement, problème de comportement social, polarisation de la pensée, dépression, cyberdépendance, cyberintimidation.

En psychologie évolutionnaire, nous abordons la question sous un angle plus profond que celui du simple comportement. Donner des signes de dépression ou de dépendance n’est qu’une partie du problème. On peut le médicamenter, mais est-ce que le problème disparait pour autant ? Non. Seulement le symptôme.

Ce que cachent ces troubles

Grandir avec le numérique et avec l’IA, présuppose que nous avons accepté de nous adapter à un environnement technocapitaliste, de gré ou de force. Et il y a des conséquences.

Les effets néfastes liés aux appareils numériques sont doublés aujourd’hui de l’intégration de l’IA comme compagnon dans nos vies quotidiennes. La fascination que nous éprouvons à son égard a semé dans la conscience des pionniers comme Yoshua Bengio (père des apprentissages profonds de l’IA) et Geoffroy Hinton (parrain de l’IA) un germe de méfiance.

Mais pour autant, les usagers continuent de s’enthousiasmer devant les prouesses de l’IA et les entreprises utilisent d’ores et déjà ChatGPT pour que cette innovation les distancie de leurs concurrents.

Or nous savons que l’IA est loin d’avoir atteint une maturité. Mais au-delà de ça, c’est le dialogue fréquent avec l’IA qui risque à terme de troubler la psyché humaine. En effet, un être humain ne traite pas les informations comme une IA. L’Intelligence Humaine doit produire du sens. L’IA produit des données et n’est pas tenue de leur donner du sens.

Ainsi lorsque nous absorbons trop d’informations sans les digérer, sans leur donner un sens, un brouillard s’installe dans notre cerveau. C’est la confusion mentale.

Pour en sortir, il faut prendre conscience d’être dans le brouillard. Or plus nous confinons le traitement de l’information à notre néocortex, plus la fenêtre de notre conscience se rétrécie, voilant ainsi l’accès à d’autres formes de traitement. J’en témoigne constamment durant les coachings avec mes clients.

Dans le cerveau humain, la fonction du néocortex est de trouver des solutions à des problèmes. Quand il a trouvé, il cherche d’autres problèmes. C’est une roue sans fin, si on garde notre attention sur lui. Ainsi s’en tenir à la fonction du cognitif peut drainer les énergies mentales et vitales.

Revenons aux symptômes évoqués ci-haut. Lorsque l’énergie mentale et vitale est au plus bas, nous perdons l’élan, le courage, l’affirmation, nous nous sentons impuissant, las, déprimé ou impatient, colérique.

Nous avons la responsabilité de conserver notre équilibre entre notre développement cognitif et notre développement intérieur. Les adultes ont ce rôle à jouer auprès des jeunes. Autrement, ils ne pourront pas intégrer leurs apprentissages. Ils enfileront les idées comme autant de fantasmes désincarnés et resteront inquiets de devoir vivre des expériences

Confiscation de l’esprit humain

Pour avoir une compréhension objective des choses, l’être humain est doté d’un esprit qui repose sur divers degré de sensibilité. Plus sa sensibilité s’accroit, plus il comprend les choses de manière fine, subtile, profonde. Avoir de l’esprit, c’est prendre de la profondeur, de la distance devant les informations. Et cette distance appelle une certaine neutralité, le contraire de la polarisation.

Cultiver son esprit, c’est devenir spirituel. C’est pouvoir pénétrer les multiples niveaux de sa conscience, ressentir son âme et prendre de la hauteur, avoir un raffinement, comprendre les causes et les principes, plutôt que de tout ramener vers son nombril, vers l’aspect comptable, vers la tentation du facile.

Accepter d’adapter notre Intelligence Humaine à celle de l’IA risque fort de nous conduire vers une crise spirituelle. Le modèle des GAFAM nous y engage. Tout tourne autour du nombril de chacun, du quant à soi, tout est calcul et clic.

Or le modèle des GAFAM va dans la direction opposée. Tout tourne autour du nombril de chacun, du quant à soi, tout est calcul, clic. Accepter d’adapter notre Intelligence Humaine à celle de l’IA risque fort de nous conduire vers une crise spirituelle.

Quand on ne trouve plus l’issu à un problème existentiel, ce n’est pas l’IA qui va nous aider, c’est de cultiver son esprit. Quand sa lumière, sa joie nous a quitté et qu’on lui préfère le goût de la mort, on peut trouver plaisant de jouer les zombies, de rester inerte entre deux mondes.

Mais on ne peut jamais tout à fait ignorer que la joie de l’esprit nous a quitté. Nous savons que cet l’élixir donne une valeur réelle à notre existence humaine La joie, c’est le symptôme d’une personne en santé mentale.

Avoir de l’esprit, c’est aussi être espiègle, avoir de l’humour. C’est un excellent remède contre la dépression.

Pour saisir les multiples dimensions de ce qu’est l’esprit, nous avons le devoir de poursuivre nos apprentissages profonds. Cette connexion avec soi est innée et elle apporte une joie essentielle à notre pulsion de vivre. La transmettre à nos enfants, à nos jeunes apparait fondamental à l’ère de l’internet des objets. Contrairement à la consommation matérielle, la joie, en plus d’augmenter la dopamine, une drogue naturelle, est une information interne et privée qui produit du sens.

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Parents, directions d’école, professeurs — Venez assister à la première table ronde sur la place de l’Intelligence Humaine dans la pédagogie aux côtés de l’IA

https://formationlecreateur.com/produit/table-ronde-la-place-de-lintelligence-humaine-ih-aux-cotes-de-lia-dans-la-pedagogie/