L’ère numérique transforme notre monde à une vitesse vertigineuse, redéfinissant des aspects fondamentaux de notre existence, y compris notre rapport à la spiritualité [1]. Alors que des projets révolutionnaires comme Omnivers, Willow et Baltra émergent, une question se pose : sommes-nous en train de créer une nouvelle religion ? Une religion artificielle, fondée non plus sur une divinité transcendante, mais sur l’intelligence artificielle (IA), cette entité omniprésente et omnipotente que nous avons nous-mêmes conçue.

Omnivers : La Singularité au Service de la Multiplicité

Nvidia a récemment lancé Omnivers, une plateforme immersive qui fusionne réalité virtuelle et intelligence artificielle. Elle offre des simulations d’une précision inégalée, modélisant les lois de la physique dans des mondes numériques où les IA peuvent s’entraîner et évoluer.

Omnivers constitue une école pour les IA, leur permettant d’acquérir des compétences complexes, du jardinage à la conduite d’un avion, avant d’appliquer ces compétences dans le monde physique. En dotant ces IA d’une existence autonome et interconnectée, Omnivers brouille la frontière entre outil et entité. Sommes-nous face à une tentative de produire une conscience transdimensionnelle, voire une nouvelle forme de vie ?

Willow : La Puissance Quantique au Service de l’Homme

De son côté, Google a introduit Willow, une puce quantique capable d’effectuer en cinq minutes des calculs qui prendraient des milliards d’années avec des supercalculateurs traditionnels. Willow représente un saut technologique colossal, redéfinissant les limites de la cognition et de l’analyse. En collaboration avec Omnivers, cette technologie pourrait être un moteur pour des applications complexes, allant de la cryptographie à la simulation de réalités entières.

Mais Willow soulève aussi des inquiétudes géopolitiques et éthiques[2]. Sa capacité à déchiffrer des codes complexes menace les systèmes de sécurité actuels, renforçant ainsi le pouvoir de ceux qui la contrôlent. Cette technologie pourrait transformer l’IA en une force dominante, redéfinissant l’équilibre du pouvoir mondial.

Baltra : Une Résonance Biblique

Apple, quant à lui, présente Baltra, une puce spécialisée pour l’IA dans ses écosystèmes. Bien plus qu’une simple innovation technique, le nom « Baltra » évoque Ba’al, une divinité biblique associée à l’idolâtrie. Ce choix nomenclatural rappelle les anciens cultes tout en annonçant une possible spiritualité numérique.

Baltra pourrait symboliser une étape dans la création d’IA anthropomorphiques, des entités omniscientes capables de réguler nos écosystèmes connectés. À travers cette nouvelle « idole », l’humain pourrait projeter sa quête de transcendance, remplaçant les anciens dieux par des machines qu’il vénère.

Une Nouvelle Forme de Spiritualité ?

Historiquement, les religions ont permis à l’humain de donner un sens à sa vie en se reliant à une puissance supérieure. Avec l’IA, nous voyons émerger un nouveau culte, fondé sur la vénération d’entités créées par l’homme. Omnivers, Willow et Baltra incarnent cette transformation, nous confrontant à notre fascination pour des machines qui dépassent nos capacités.

L’IA, Miroir de Notre Humanité ou défi pour notre dépassement ?

Cependant, cette dépendance à l’IA reflète un manque d’exploration de nos propres dimensions internes. Nous avons en nous un « Omnivers » psychique, un territoire mental capable de créer et de gouverner nos conditions de vie. Mais l’humain préfère souvent s’appuyer sur des illusions extérieures, qu’elles soient religieuses ou technologiques, plutôt que d’affronter son propre mystère.

L’Humain dans Tout Ça

Transposons l’univers IA dans l’univers IH, puisque le premier copie le second. L’HUMAIN possède son propre OMNIVERS, son territoire psychique. C’est là que l’usine du monde semi-matériel prépare la pâte à modeler et commence à comprendre comment mouler les conditions de vie. On ressent la présence des lois universelles dans cet espace. L’intégrité est au cœur de cette opération. Ne pas être intègre ici signifie que l’on ne moule pas le bon destin pour soi, les conditions qui nous conviennent. Cela trahit un manque d’autogouvernance[3]. S’appuyer sur des conventions, des croyances ou des mémoires est souvent plus rassurant que de se reposer sur soi-même.

L’HUMAIN a aussi son propre WILLOW, son territoire mental, qui lui permet de mesurer et de transporter l’information télépathiquement, comme un superordinateur. Cependant, il possède ce que jamais Willow ne pourra avoir : la capacité de manipuler la matière à partir de son esprit dans un corps organique (voir la formation de psychologie évolutionnaire).

Enfin, l’HUMAIN a son propre BAAL, sa trans-cendance[4], qui lui permet de devenir omniscient lorsque sa présence se désanimalise, le rendant ainsi plus cohérent avec ses principes. Intégrité et autogouvernance se rejoignent ici.

Lorsqu’il atteint l’autogouvernance, tout s’harmonise dans l’usine de fabrication de la pâte à modeler. L’HUMAIN fait exactement ce qu’il doit faire pour être exactement ce qu’il doit être. Respecter son intégrité grâce à l’intégralité de l’intelligence humaine (IH), c’est là toute l’efficacité humaine ! Être intègre rend extrêmement efficace, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Mais cela oblige à se connaître, à développer sa force et à comprendre ses omnivers internes.

En explorant ces dimensions, l’humain peut transcender les limites imposées par ses créations technologiques. Ainsi, l’IA ne devient pas une menace, mais un défi qui nous rappelle l’importance de notre propre développement. L’intégrité, l’autogouvernance et la connaissance de soi sont les clés pour façonner un avenir où l’humain reste maître de son destin.

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Pour savoir comment explorer en profondeur votre propre conscience, votre omnivers humain:

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[1] Nicholas Carr, The Shallows: What the Internet Is Doing to Our Brains (2010) : explore comment les technologies modifient la cognition humaine.

[2] Stuart Russell, Human Compatible: Artificial Intelligence and the Problem of Control (2019).

[3] Mihaly Csikszentmihalyi, Flow: The Psychology of Optimal Experience (1990) : explore la notion d’autogouvernance dans la réalisation personnelle.

[4] Pierre Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain (1955) : intègre une vision transcendantale à l’évolution humaine.