À mon bureau, je reçois régulièrement des jeunes hypersensibles. Ils sont vifs, intelligents, articulés… mais ils se sentent parfois dépassés par leur trop grande perception du monde qui perturbe leur clarté. Tout cela impacte sur la confiance en soi et leur impression de fragilité. Un hypersensible n’est pas fragile, au contraire, il doit faire une force de son 6e sens en apprenant à gérer les informations.
Lorsqu’un jeune accepte de venir me consulter, c’est souvent parce qu’il n’en peut plus. Il a besoin d’un cadre rassurant, d’un espace neutre, d’une personne qui comprend son langage «invisible» mieux que lui. Oui, on peut naître hypersensible… mais on peut aussi le devenir à la suite d’un choc, d’une accumulation d’événements, ou d’un environnement qui ne respecte pas notre rythme intérieur.
De quoi souffre un hypersensible ?
Souvent, il l’ignore lui-même. Il sent simplement qu’il ne va pas bien. Il se sent différent, à côté de la vie des autres, et ne comprend pas son mode d’emploi. Il croit que les autres fonctionnement mieux que lui. Ce qu’il vit ? Un mal-être sourd et profond. Souvent inexplicable. Ce n’est pas tant les événements extérieurs qui le font souffrir, mais tout ce qui se passe à l’intérieur de lui : questionnements existentiels, sentiment d’exclusion, peur de l’autre, peur de déplaire, de ne pas être à la hauteur, peur de sortir de sa zone de confort… ou carrément de sortir de chez lui.
L’histoire de Lorianne, 15 ans
J’aimerais vous raconter l’histoire de Lorianne (nom fictif), une adolescente de 15 ans venue me consulter à la suite d’un conflit avec sa mère. Le genre de conflit bien banal en apparence : une maman qui surprotège, une ado qui cherche à s’affirmer… mais derrière ce décor classique, un subtil tsunami intérieur.
Le déclencheur de la crise ? Un échec scolaire. Lorianne avait des difficultés d’apprentissage, perturbée par la turbulence des garçons de sa classe. Trop de bruit, trop d’agitation, trop de stimulations. Résultat : un examen raté… et la goutte qui a fait déborder le vase à la maison.
Sa mère ne lui reprochait même pas son échec. Mais pour Lorianne, c’était une vraie blessure intérieure. Elle se sentait triste, en colère, coupable. Son système nerveux était littéralement agressé par autant d’agitation. Elle dormait mal. Et elle avait l’impression d’avoir échoué non seulement un examen, mais aussi une partie d’elle-même. Comme si elle avait trahi les attentes de sa mère… même si celles-ci étaient bienveillantes. Comme si cet incident lui enlevait sa valeur.
Quand l’environnement devient insupportable
La suite de son histoire est révélatrice. Lorsqu’elle a été transférée dans une classe plus calme, son anxiété a chuté drastiquement. Mais Lorianne était encore troublée par sa dernière session d’école. Ce n’était pas un simple stress scolaire. Elle avait échoué à vivre dans un milieu. Et c’est souvent le cas chez les hypersensibles. Ce ne sont pas des caprices. Leur système de perception interne se déclenche vite et il faut apprendre à contrôler sa mécanique (cela vaut aussi pour les adultes!).
Hypersensibilité, ça veut dire quoi ?
La sensibilité, c’est l’antenne de nos sens. Tout le monde capte les stimuli extérieurs, mais l’hypersensible, lui, capte tout à puissance mille en plus des vibrations subtiles, les non-dits, les énergies invisibles à l’intérieur de lui. L’hypersensibilité n’est pas une maladie ni une faiblesse, mais l’enrichissement d’un 6e sens aiguisé qui s’ajoute aux cinq sens.
Un simple regard peut donner l’impression à l’hypersensible d’être transpercé. Une remarque peut le blesser profondément car, il est hyper conscient de son territoire intérieur, de son énergie, de ses émotions… mais il ne sait pas toujours comment les gérer. En fait, il ne sait pas quoi faire avec le nombre d’informations subtiles qu’il reçoit et ne sait pas toujours identifier si elle viennent des autres ou de lui.
Résultat : il se replie, il se protège, parfois même au prix de s’isoler en raison d’un malaise face aux autres ou d’un mal être qu’il ne comprend pas.
L’hypersensible et son corps
L’hypersensibilité se manifeste aussi avec une certaine intensité physique. Lorianne me décrivait très bien ses sensations : une boule au ventre, un nœud dans la gorge, un brouillard mental en classe, des crampes inexpliquées. Autant de signes que criait son corps et que sa tête ne comprenait pas encore.
L’hypersensible ne vit pas uniquement dans sa tête. Son corps est un véritable baromètre. Il sent les ambiances, il capte les tensions, il perçoit ce qui n’est pas dit.
Mais sans mode d’emploi, cela devient une vraie souffrance. Et devant le stress et l’inconfort de son être, l’hypersensible se recroqueville pour se protéger, il se ferme, se crée une bulle épaisse autour de lui.
Comprendre pour s’apaiser
Ce qui est frappant chez l’hypersensible, c’est la rapidité avec laquelle il s’apaise à mesure qu’on lui dépeint son portrait. Plus j’expliquais à Lorianne comment elle fonctionne, comment elle se sent, plus elle se détendait. Ses épaules se relâchaient, son corps s’ancrait dans le fauteuil, la boule au ventre disparaissait, son regard devenait plus lumineux.
Elle se reconnaissait. Elle n’était plus bizarre. Elle n’était plus inadéquate. Elle percevait simplement la vie différemment.
En comprenant qu’elle n’était pas « défectueuse », mais hypersensible, Lorianne a commencé à reprendre son pouvoir, à sentir sa force, à mieux nommer ses limites, à mieux se protéger, sans se fermer et à mettre des mots sur ses sensations.
Apprendre à parler de soi est souvent ardu au début, car on ne trouve le vocabulaire. Mais Lorianne venait de découvrir le concept entier qui définissait une partie profonde de son être. La perspective de sa vie sociale prenait une tournure beaucoup plus agréable, car elle voyait mieux comment être en contrôle de ses énergies (se détendre, retrouver sa force), et comment lire les informations qui provenaient de son hyperconscience d’elle-même, en les triant au lieu de se sentir submergée par elles.
L’hypersensibilité, une force à apprivoiser
Dans nos rencontres, Lorianne a réalisé qu’elle avait reçu de belles valeurs de ses parents, qu’ils l’avaient aidée à bien se construire. Mais il lui manquait un morceau essentiel : comprendre sa propre connexion intérieure, son antenne sophistiquée.
Derrière l’anxiété de bien des jeunes hypersensibles se cache souvent cette réalité silencieuse : un besoin immense d’être reconnus pour ce qu’ils sont profondément. Pas seulement pour ce qu’ils font, mais pour ce normaliser ce qu’ils vivent.
Les parents ont un grand rôle à jouer auprès de leurs enfants hypersensibles. Apprendre à se connaitre en profondeur eux-mêmes les aide à devenir d’excellents guides.
Aujourd’hui, Lorianne sait que son hypersensibilité n’est pas un défaut. C’est une force à apprivoiser. Une qualité à intégrer. Un cadeau de sa conscience, à condition de savoir la décoder. Les gens dotés d’une hypersensibilité peuvent découvrir un monde intérieur fort, créatif et cohérent. Bien aiguillés, ces précieuses et lucides personnes devraient être à l’avant-garde de la société.
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