{"id":2634,"date":"2017-06-20T16:29:34","date_gmt":"2017-06-20T16:29:34","guid":{"rendered":"http:\/\/laguaya.ca\/?p=2634"},"modified":"2019-05-05T16:16:39","modified_gmt":"2019-05-05T16:16:39","slug":"vue-de-linterieur","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/laguaya.ca\/2017\/06\/20\/vue-de-linterieur\/","title":{"rendered":"Vue de l’int\u00e9rieur"},"content":{"rendered":"
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Extrait du livre Vue de l’int\u00e9rieur, <\/em><\/strong>Sylvie Bergeron,\u00a0p.14 \u00e0 22<\/em><\/p>\n

LE LANGAGE UNIVERSEL<\/strong><\/p>\n

Israe\u0308l 1988. Au c\u0153ur des ruines d\u2019un the\u0301a\u0302tre romain, nous de\u0301cidons d\u2019envahir la sce\u0300ne. Nous sommes venus au Moyen- Orient pour divertir les troupes militaires canadiennes. Notre groupe d\u2019une trentaine d\u2019artistes canadiens de toutes les provin- ces, danseurs, chanteurs, musiciens, jongleurs, humoristes est constitue\u0301 cette anne\u0301e-la\u0300 d\u2019une majorite\u0301 de Que\u0301be\u0301cois. En cette belle journe\u0301e de conge\u0301, notre guide vient de nous faire faire un pe\u0300lerinage sur les routes emprunte\u0301es par Je\u0301sus, il y a 2000 ans. Un frisson de solennite\u0301 nous parcourait encore lorsque nous sommes arrive\u0301s devant les ruines.<\/p>\n

Spontane\u0301ment, nous convenons tous, presque sans nous parler, de faire le spectacle de notre tourne\u0301e moyen-orientale sur la sce\u0300ne des ruines. La voix de la chanteuse re\u0301sonne dans l\u2019estrade juste en face, les musiciens font des rythmes avec leur bouche, leurs mains, leurs pieds, et nous, les danseurs, entrons en sce\u0300ne, tandis que les jongleurs se font des passes avec des balles phosphorescentes.<\/p>\n

Au me\u0302me moment, nous nous apercevons de la pre\u0301sence d\u2019un public tout aussi spontane\u0301 qui vient s\u2019asseoir dans les gradins. Il fourmille jusqu\u2019a\u0300 la zone de confort avant de se taire totalement pour gou\u0302ter a\u0300 une forme d\u2019art ame\u0301ricain, la no\u0302tre. Le soleil reve\u0302t subitement la sce\u0300ne de ses quelques rayons dore\u0301s, tel un e\u0301clairagiste inspire\u0301. Le public ne bouge plus, de\u0301cide\u0301ment ravi par nos chants et nos danses. Comme quoi, la vie se fait parfois un singulier metteur en sce\u0300ne.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Le spectacle se termine par de grands e\u0301clats de rire et les applaudissements de cette foule ravie. Nous allons imme\u0301diate- ment a\u0300 la rencontre de la cinquantaine de spectateurs dans un e\u0301lan de curiosite\u0301 mutuelle. Nous ne parlons pas le me\u0302me langage. Les premiers contacts se font donc par le rire et quelques pas de danse. En peu de temps, nous nous sommes tous pris par la main en chantant. Un moment en parfaite home\u0301ostasie avec la petite histoire dans les ruines de la grande histoire. Comme si ce qui devait e\u0302tre, fut.<\/p>\n

Le producteur s\u2019est informe\u0301 et nous explique que ces gens sont des Juifs russes venus pour coloniser les terres d\u2019Israe\u0308l. Nous leur souhaitons la bienvenue et eux de me\u0302me. Cet e\u0301change fortuit et des plus inoubliables s\u2019ache\u0300ve sur un grand cri lorsque l\u2019une des femmes tente d\u2019amener notre chore\u0301graphe avec elle. La femme ne veut rien de moins que l\u2019adopter tant elle ressemble a\u0300 sa fille ! Apre\u0300s quelques explications, nous e\u0301changeons quelques poigne\u0301es de mains avec les uns, des p\u2019tits becs aux autres et surtout d\u2019immenses sourires de connivence.<\/p>\n

Je m\u2019arre\u0302te un moment pour prendre le temps de respirer le fond de ce rendez-vous fabuleux. Nous sommes en train de participer, je pensai, a\u0300 une rencontre de c\u0153ur sans me\u0302me nous connai\u0302tre et pourtant, avec un tel courant de complicite\u0301 !<\/p>\n

La grosse femme rela\u0302che notre chore\u0301graphe qui revient enchante\u0301e de s\u2019e\u0302tre fait enleve\u0301e. Et nous retournons dans l\u2019auto- bus en agitant la main a\u0300 nos nouveaux amis du monde.<\/p>\n

C\u2019est le cre\u0301puscule. Un sourire be\u0301at trai\u0302ne sur mes le\u0300vres. Jamais je n\u2019oublierai ce moment de communication si intense, sans le concours du langage. Je me dis que c\u2019est sans doute pour c\u0327a que j\u2019aime tant la danse et la musique. Nous n\u2019avons pas besoin de parler pour atteindre tout de suite l\u2019essentiel entre les individus. Comme une communion qui s\u2019installe dans les regards, dans le corps, et nous, nous ne sommes que les te\u0301moins d\u2019amitie\u0301s qui vibrent dans l\u2019espace-temps.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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La danse et la musique sont des milieux cosmopolites ou\u0300 naturellement les races se me\u0302lent parce que tout se passe au-dela\u0300 des diffe\u0301rences linguistiques. En lieu et place du langage, un fluide perceptible sous-tend les relations. C\u2019est ainsi que je vois la cohe\u0301sion d\u2019un peuple. Un courant invisible qui passe \u00ab entre nous \u00bb et qui nous construit comme seuls nous pouvons l\u2019e\u0302tre dans notre spe\u0301cificite\u0301 spacio-temporelle. C\u2019est la force du matriarcat.<\/p>\n

Mais il y a le langage.<\/p>\n

La langue organise, rationalise, code, structure, de\u0301mystifie mais aussi, insulte, me\u0301prise, juge et contraint. La parole peut donc a\u0300 la fois magnifier la cohe\u0301sion et couper ce fluide entre les personnes. Tout de\u0301pend de l\u2019intention derrie\u0300re les mots… C\u2019est la faille du langage.<\/p>\n

Dans l\u2019autobus, tout le monde parle encore de cette rencontre insolite sur les ruines d\u2019un temps recule\u0301. Nous avons l\u2019impression d\u2019avoir re\u0302ve\u0301. Je me sens transporte\u0301e au temps de Nemrod, a\u0300 Babylone ou\u0300 l\u2019on a eu l\u2019ambition d\u2019y e\u0301riger une tour qui toucherait le ciel. La Tour de Babel. En ce temps-la\u0300, tous les humains ne parlaient qu\u2019une seule langue. Le re\u0302ve de beaucoup d\u2019E\u0301tasuniens ! Selon la le\u0301gende biblique, le roi-chasseur avait voulu construire cette tour pour toucher le tro\u0302ne de Dieu. Le Tout-Puissant s\u2019e\u0301tait oppose\u0301 avec violence a\u0300 ce projet qui poussait les hommes ordinaires vers des de\u0301sirs de gloire et de puissance irre\u0301elles. Dieu avait alors abattu sa cole\u0300re en cre\u0301ant la confusion entre les hommes par le biais de leur moyen d\u2019expression. Il avait donc introduit plusieurs langues d\u2019usage. Et voila\u0300 que, peu de temps apre\u0300s, Dieu ayant ainsi divise\u0301 les hommes, ceux-ci ne cherchaient plus a\u0300 devenir des surhommes ; leur de\u0301sir d\u2019atteindre la puissance divine avait dore\u0301navant e\u0301te\u0301 remplace\u0301 par la guerre entre les individus qui ne parvenaient plus a\u0300 se comprendre.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Peut-e\u0302tre que seul Dieu a le droit d\u2019user du verbe a\u0300 titre d\u2019autorite\u0301, sans intention cache\u0301e ? En tout cas, le peuple que\u0301be\u0301cois, lui, refuse de s\u2019arroger ce pouvoir supre\u0302me, tout en cherchant a\u0300 construire sa Tour. Mais sans autorite\u0301, sans cette force du patriarcat, comment peut-on seulement s\u2019affirmer ? Dansons et chantons, entonne le Que\u0301be\u0301cois. Sentons la re\u0301alite\u0301 qui passe au- dela\u0300 du langage, au-dela\u0300 des dissensions. Est-ce le signe que nos hommes ne veulent pas assumer leur pouvoir d\u2019autorite\u0301 ?<\/p>\n

De\u0300s mon adolescence, j\u2019ai appris a\u0300 co\u0302toyer des gens de toutes les origines par la danse et la musique. Que ce soit chez moi ou a\u0300 l\u2019e\u0301tranger. Danser et chanter nous sort momentane\u0301ment de tout conflit. Le partage d\u2019un langage universel comme lieu commun est une expe\u0301rience exaltante et apaisante ; ce langage est absolument festif puisqu\u2019il donne l\u2019impression que nous pouvons communiquer dans l\u2019harmonie me\u0302me avec des e\u0301trangers, comme si nous nous reconnaissions totalement et imme\u0301diatement. Comme si nous pouvions sentir l\u2019intention pure.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Le langage n\u2019a pas cette vertu. Il faut expliquer, argumenter et contredire pour de\u0301finir l\u2019intention. Et c\u0327a, le Que\u0301be\u0301cois n\u2019aime pas. La parole est un outil mal compris ici et surtout mal utilise\u0301. La parole comme prise de position d\u2019un peuple est pourtant indispensable. Elle refle\u0300te la solidite\u0301 de nos institutions et la capacite\u0301 d\u2019un peuple a\u0300 y inclure les nouveaux arrivants. Oui, c\u2019est bien la\u0300 que se trouve notre faille. Et d\u2019ou\u0300 vient donc cette bre\u0300che d\u2019a\u0302me dans le peuple que\u0301be\u0301cois ? C\u2019est que derrie\u0300re les mots, l\u2019intention peut faire exister le mensonge, la trahison, la propagande.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Chez nous, la mauvaise foi historique du gouvernement et de l\u2019e\u0301glise a e\u0301puise\u0301 notre foi en la parole.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Les Que\u0301be\u0301cois, de par leur histoire, ne parviennent plus a\u0300 faire confiance aux mots. Alors se battre pour une langue pour encore se faire tromper…<\/p>\n

Heureusement, par re\u0301flexe de survie, pour retrouver l\u2019unite\u0301 perdue par des paroles trai\u0302tresses, disons pour reprendre contact avec ce courant invisible qui nous relie tous ensemble en tant que peuple, un puissant e\u0301lan de festivite\u0301 ressort du peuple que\u0301be\u0301cois. Il est toujours pre\u0302t a\u0300 danser et a\u0300 chanter, a\u0300 de\u0301faut de pouvoir parler sa langue ou de croire les autres sur parole. Comme si, a\u0300 l\u2019instar des invincibles Gaulois, nous ne pouvions nous re\u0301soudre a\u0300 nous laisser mourir ; comme si nous pouvions combattre les mauvaises intentions cache\u0301es derrie\u0300re le verbe par ces puissantes e\u0301tincelles de re\u0301jouissances.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Mais rester ainsi dans le non-dit, souhaiter que les proble\u0300mes se re\u0300glent sans parler, est-ce compter secre\u0300tement sur le secours de Dieu, d\u2019un sauveur ? Un sauveur fe\u0301de\u0301raliste qui nous e\u0301crase ou un sauveur souverainiste qui nous effraie ? Dans une socie\u0301te\u0301 aussi de\u0301sorganise\u0301e par la trahison, par la confusion politique et linguistique, le manque de confiance en ses forces trop divise\u0301es et la concurrence institutionnelle de valeurs ve\u0301hicule\u0301es par deux langues, nous ne pouvons pas ce\u0301le\u0301brer la pleine mesure de notre tempe\u0301rament.<\/p>\n

Pourtant, un peuple a besoin d\u2019une langue unique pour e\u0301riger ses institutions telle une Tour de Babel et ainsi consolider ses acquis. Ce sont ces structures qui de\u0301finissent les grandes lignes identitaires de la nation. Or, il semble qu\u2019au Que\u0301bec, la foudre de Dieu nous soit tombe\u0301e sur la te\u0302te et qu\u2019il soit de plus en plus ardu d\u2019imposer nos institutions francophones.<\/p>\n

Parler une seule langue au Que\u0301bec, est-ce de\u0301fier Dieu ? La tre\u0300s grande puissance cre\u0301ative du peuple que\u0301be\u0301cois est-elle un affront au Tout-Puissant ? Su\u0302rement que notre force de rayonnement a donne\u0301 l\u2019impression au \u00ab dieu-fe\u0301de\u0301raliste \u00bb que nous avions l\u2019ambition de le de\u0301passer sans en avoir la compe\u0301tence…<\/p>\n

La foudre du \u00ab dieu-fe\u0301de\u0301raliste \u00bb a patiemment seme\u0301 la confusion du langage chez nous, si bien que nous nous battons entre nous pluto\u0302t que de construire une socie\u0301te\u0301, que l\u2019on ne sait plus comment reprendre notre plein droit sur le franc\u0327ais et l\u2019imposer a\u0300 nos concitoyens ne\u0301o-Que\u0301be\u0301cois aussi e\u0301crase\u0301s que nous devant un dieu propagandiste… Un dieu auquel nous ne pouvons plus croire tellement il a fait preuve de paroles creuses, cachant des intentions allant a\u0300 contre sens de nos inte\u0301re\u0302ts, quoiqu\u2019il en dise.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Le peuple que\u0301be\u0301cois devra donc apprendre a\u0300 parler, a\u0300 se re\u0301concilier avec la parole pour rendre l\u2019usage de sa langue contagieux. Apprendre a\u0300 parler exige beaucoup de maturite\u0301 dont celle de ne pas craindre le conflit. Notre Tour de Babel ne pourra pas s\u2019e\u0301riger comme un tremplin vers les e\u0301toiles tant que le peuple que\u0301be\u0301cois ne se donnera pas l\u2019autorite\u0301 de parler et de se tenir debout avec tout ce qu\u2019il est, sans crainte d\u2019imprimer son identite\u0301 dans la conscience collective. Il doit donc se re\u0301concilier d\u2019 abord avec l\u2019 imperfection du langage et accepter les incontournables intentions cache\u0301es tout en les pre\u0301venant. Ainsi, il pourra reprendre le gou\u0302t de de\u0301fendre sa langue.<\/p>\n

Faute de quoi, quand la collectivite\u0301 ne saura plus communiquer dans une seule langue, laissant place a\u0300 plus de confusion et au risque de plus graves conflits, il sera trop tard. Dans certains secteurs de Montre\u0301al, il est parle\u0301 plus de quatre-vingts langues. Nous ne pourrions pas fonctionner si ce n\u2019e\u0301tait de l\u2019emploi massif d\u2019une seule langue d\u2019usage publique. Or a\u0300 Montre\u0301al, la confusion linguistique re\u0300gne entre le franc\u0327ais et l\u2019anglais, confusion venue de la loi sur les langues officielles et par l\u2019ambition de nombreux Que\u0301be\u0301cois de souche a\u0300 atteindre les sommets d\u2019une certaine puissance anglo-saxonne qui miroite les mirages d\u2019un succe\u0300s facilement accessible. La foudre de Dieu frappera pourtant le peuple que\u0301be\u0301cois s\u2019il ne parvient pas unifier le plus grand nombre de ne\u0301o-Que\u0301be\u0301cois dans sa propre Tour. Car un langage transporte un esprit, une culture. Nous ne pouvons laisser les gens parler massivement l\u2019anglais sur la place publi- que sans changer l\u2019essence du peuple que\u0301be\u0301cois.<\/p>\n

Je soupc\u0327onne aussi certains Que\u0301be\u0301cois de souche de ne plus vouloir se battre pour pre\u0301server le franc\u0327ais sous pre\u0301texte de nenpas perpe\u0301tuer un climat de conflit, ce qui m\u2019apparai\u0302t comme une faiblesse pluto\u0302t que comme un signe d\u2019ouverture a\u0300 l\u2019autre. Au point qu\u2019ils accepteraient que l\u2019anglais devienne la langue universelle au Que\u0301bec.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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De plus en plus de fe\u0301de\u0301ralistes que\u0301be\u0301cois acceptent le bilinguis- me pour e\u0301viter d\u2019e\u0302tre identifie\u0301s au discours \u00abpe\u0301quistise\u0301\u00bb de la loi 101. La langue devient-elle chez nous une arme propagandiste gave\u0301e d\u2019intentions qui rappellerait une trahison historique ? De quoi ne pas tenir a\u0300 sa langue !<\/p>\n

Si des milliers de ne\u0301o-Que\u0301be\u0301cois respectent magnifiquement l\u2019usage du franc\u0327ais, d\u2019autres, de plus en plus nombreux s\u2019angli- cisent. Les Que\u0301be\u0301cois savent bien que leur langue est menace\u0301e, mais se sentant souvent impuissants a\u0300 n\u2019y pouvoir quoi que ce soit pour re\u0301duire la pression de cette machine anglo-saxonne qui travaille contre eux, ils pre\u0301fe\u0300rent danser et chanter.<\/p>\n

Il est vrai que dans les rues de Montre\u0301al, ce sont encore nos festivals qui unissent le mieux les Que\u0301be\u0301cois de toutes les origines. Au-dela\u0300 du langage, des alle\u0301geances politiques, des conflits interraciaux, comment expliquer que nous soyons aussi festifs et pacifiques, si ce n\u2019est parce que le plaisir d\u2019e\u0302tre unis, toutes origines confondues, rece\u0300le un sentiment de puissance exaltant pour les Que\u0301be\u0301cois.<\/p>\n

Si le peuple que\u0301be\u0301cois danse et chante pour rassembler les voix dissonantes, c\u2019est aussi pour fuir la responsabilite\u0301 qu\u2019il a de guider le troupeau a\u0300 partir de son identite\u0301. S\u2019il nous restait des fore\u0302ts, nos hommes s\u2019y re\u0301fugieraient-ils encore ?<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Le peuple que\u0301be\u0301cois ne parvient pas a\u0300 e\u0302tre dans sa propre autorite\u0301 car il ne croit plus qu\u2019une langue puisse e\u0302tre porteuse de ve\u0301rite\u0301.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

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Nous sommes donc devenu un peuple de c\u0153ur inapte a\u0300 prote\u0301ger ses acquis. Mais il faudra bien un jour l\u2019imposer cette langue pour aller plus loin avec les ne\u0301o-Que\u0301be\u0301cois, pour que nous puissions unir une parole juste et vraie a\u0300 la purete\u0301 cre\u0301ative de nos danses et de nos chants.<\/p>\n

Je suis revenue du Moyen-Orient avec cette image de la Tour de Babel a\u0300 reconstruire. Je crois toujours aujourd\u2019hui qu\u2019il y a moyen de retrouver l\u2019usage clair d\u2019une seule langue, dans les rues en fe\u0302te du peuple que\u0301be\u0301cois. Mais chacun doit y mettre une rigueur engage\u0301e pour favoriser la cohe\u0301sion de ce fluide palpable qui passe de\u0301ja\u0300 entre nous, toutes origines confondues, afin que nos intentions travaillent de\u0301sormais a\u0300 l\u2019unisson.<\/p>\n

\u2022\u2022\u2022<\/p>\n

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