Photo : Sebastian Derungs Crédits : swiss-image.ch Droits d'auteur : World Economic Forum/sw

« Lorsque vous allez voir les rues vides, les stades vides, les quais vides, ne vous dites pas : « Mon Dieu, on dirait la fin du monde. » Ce que vous voyez, c’est l’amour en action. Ce que vous voyez, dans cet espace négatif, c’est combien nous nous soucions les uns des autres, de nos grands-parents, de nos frères et soeurs immunodéprimés, de gens que nous ne rencontrerons jamais. Des gens vont perdre des emplois à cause de cela. Et certains vont perdre la vie. Raison de plus pour prendre un moment, quand vous êtes sur votre marche, ou sur votre chemin vers le magasin, ou juste en regardant les nouvelles, pour regarder dans le vide et s’émerveiller de tout cet amour. Laissez-le vous combler et vous soutenir. Ce n’est pas la fin du monde. C’est l’acte de solidarité mondiale le plus remarquable que nous puissions jamais voir. C’est la raison pour laquelle le monde va continuer. » — Bill Gates

Création de « La Nation One World »

Il s’est passé quelque chose samedi soir dernier. Quelque chose d’à la fois grandiose et inquiétant. C’était le 18 avril 2020. Le concert « One World », animé entre autres par Steven Colbert et Jimmy Kimmel, nous a rempli de joie et d’espoir en diffusant les prestations des plus grandes stars du monde.

Les artistes auront réussi à unir « le monde entier  » (plutôt Occidental et anglosaxon) comme s’il sentait le besoin de se sentir « un ». On y a vu se succéder les plus populaires : Stevie Wonder, les Rolling Stones, Elton John, Paul McCartney, Taylor Swift. À l’instar de tous les artistes qui ont participé à cet événement singulier, Céline Dion était isolée dans une pièce où elle s’exécutait. C’est elle qui a clôturé le spectacle – magistralement  – avec Andrea Bocelli et Lady Gaga.

Chaque artiste offrait un grain de légèreté et d’amour au personnel soignant qui, jour après jour, sur le front, tente de contenir la pandémie, avec peu de moyens et des informations mouvantes. Le concert leur était entièrement dédié.

Si Lady Gaga fut l’instigatrice de l’événement, il fut soutenu par l’Organisation Mondiale de la Santé et par le groupe Global Citizen (Lire l’article). L’objectif de l’événement n’était pas d’amasser des fonds mais plutôt de faire appel à des groupes philanthropiques pour soutenir le Fonds de solidarité de Covid19, créé par l’Organisation Mondiale de la Santé. Ils ont reçu environ 150 millions de dollars.

Espérons que ces fonds nous permettront d’éviter une deuxième vague, et nous fourniront plus de masques et de tests, entre autres.

Rester vigilant avec le capitalisme empathique

Puis Bill et Melinda Gates sont apparus à l’écran. Ils se sont adressés à la Nation Globale, au « One World », tels des monarques rassurant leurs sujets.

Les donateurs sont habituellement discrets. Mais comment reprocher à Bill Gates – qui a sonné l’alarme devant l’imminence d’une pandémie, il y a plusieurs années – de ne pas garder une réserve ? Il est venu nous dire, avec son épouse, que « ça va bien aller ».

Samedi soir, l’homme d’affaires a ainsi pu bénéficier de la gloriole d’un Prophète. Rien de moins. Bien des gens crient à la théorie du complot lorsqu’il est question des mondialistes multimilliardaires. Nous ne sommes pas là.

Nous avons devant nous un homme d’affaires qui a l’esprit stratégique. On les appelait autrefois les requins, aujourd’hui, les prédateurs. Somme toute, ce qui a changé, c’est l’ampleur de leur richesse, plus grosse que certains PIB de pays. Des Hyperempires.

Visionnaire, Bill Gates a depuis des années mis à contribution la Fondation Bill & Melinda Gates pour créer des vaccins. D’où l’étrange impression qu’ils se sont fait payer une immense publicité, grâce à l’OMS et Global Citizen dont l’un des membres, Daniel Green, est également conseiller de … la Fondation Gates.

Bill Gates et Melinda sont convaincus de faire le bien. S’ils n’étaient pas si puissants, peut-être pourrions-nous contester certains de leurs choix. Aussi, en tant que citoyens, nous avons le devoir de rester vigilants avec les leaders de la GAFAM.

Ils prônent tous le capitalisme empathique. Je critique cette contorsion psychologique dans mon livre « Humains ou IA – Qui aura la première place ? » dont voici un extrait.

p.46. « Depuis l’an 2000, l’économie numérique a roulé à toute allure grâce à ce vent de liberté absolue, sans frontière ni éthique, sans foi ni loi. L’Occident a donné naissance à un immense conglomérat mondial (GAFAM) qui réussit à dominer le monde, en obligeant les pays à satisfaire sa soif de croissance.

Ses leaders ont écrasé toute concurrence, créé des applications technologiques sociales sans commune mesure avec le passé. Ils ont relié le monde entier et ont permis au travailleur autonome, donc à l’économie tertiaire, de s’épanouir. Mais ils ont outrageusement accru l’écart entre riches et pauvres. La victime silencieuse de cette mutation sociétale : le travailleur et ses conditions.

Pour Wiener (père de la cybernétique), la clé pour la survie de l’espèce humaine, c’est l’ordre systémique de l’information dont la froideur est compensée par l’empathie. Être gentil, se mettre à la place des autres, comprendre leur sort. C’est ce qu’il a demandé à la défense militaire. C’est ce qu’on croit bon pour les travailleurs. Une empathie comme nouveau contrat social.

Mais cette identification à autrui – de laquelle on a vidé la réflexion philosophique – suffit-elle à panser les inégalités de fortune, atténue-t-elle le sentiment d’injustice engendré par l’accaparement des richesses ? Cette gentillesse de circonstance sera-t-elle assez apaisante pour créer un monde sans violence ? La réponse est non, bien sûr.

Si l’empathie est gentille, l’amour est puissant. Comprendre autrui comme nouveau contrat social conduit à des actions de courte portée, sans envergure. D’où une certaine stérilité concernant les projets de société […]

p.55.  Ainsi le tout-gratuit ne bénéficie réellement qu’aux multinationales, capables d’avaler les licences ou de plagier (Chine). Si l’empathie était réciproque, l’écart entre riches et pauvres ne ferait pas disparaitre la classe moyenne. Et les créateurs de contenu le savent : leurs revenus diminuent à mesure que les entreprises s’érigent en systèmes transnationaux. L’américaine Taylor Swift est l’une des artistes les plus combattantes de sa génération contre le contrôle des grandes maisons de disques. L’auteur-compositeur-interprète québécois Pierre Lapointe révélait, au dernier Gala de l’ADISQ, que pour 1 million de clics sur une chanson, Spotify lui avait donné 500 $…

En plus d’avoir des fournisseurs de contenus non-salariés, les entreprises de la GAFAM sont épargnées d’impôts et de taxes. Sachant que l’industrie de la « donnée » (data ) a plus de valeur aujourd’hui que l’industrie pétrolière, on se demande où est allée la générosité de la philosophie libérale. Empathiques les Zuckerberg, Besos, et autres leaders du numérique ? »

Le capitalisme empathique est un concept qui a été popularisé par des économistes 2.0 comme Jeremy Rifkin. Aujourd’hui les leaders GAFAM utilisent un « marketing bienveillant » pour donner un visage humain à leur monopole. Ainsi ils parviennent à convaincre le monde de ne pas changer la structure hiérarchique de l’économie qui détourne la richesses des peuples dans l’opacité.

Ces gentils leaders réussissent à occulter le fait qu’ils s’approprient le vivant pour le posséder et contrôler le monde.

Leur  modèle d’affaires est simple : nous rendre dépendants à vie de leurs produits et services et ainsi s’assurer un roulement d’entreprise permanent, grâce à nos comportements prévisibles, soutenus par la cybernétique.

Quel entrepreneur ne souhaite pas trouver cette sécurité ? Existe-t-il des travailleurs qui apprécient l’imprévisibilité de leurs revenus ? Or cette prévisibilité économique doit être à son tour soutenue par une offre permanente. Il faut donc pouvoir offrir un produit/service soit vital, soit créant une dépendance. Le reste, relève de la mise en marché.

La culture anglosaxonne a compris que pour mettre tout produit/service en marché, il vaut mieux montrer qu’on est au service d’autrui. Donner à croire que le client est roi. D’où leur grande maitrise du capitalisme empathique. Aujourd’hui, Facebook nous enseigne même la technique. Pourquoi passent-ils par des geeks pour nous former au marketing Facebook et nous donner tous leurs trucs de vente ? Ça leur fait vendre des publicités. La manne.

Or à l’échelle des GAFAM, cette tactique « gentillesse-client », dont l’objectif primordial est d’abord une croissance économique sans fin, fait  non seulement beaucoup de mal au vivant, mais aussi à la démocratie qui protège notre intégrité humaine et nos libertés.

C’est pourquoi certains économistes suggèrent de casser les monopoles, à partir d’une certain moment. Or tant que les gouvernements agissent comme des gérants de ces multinationales, c’est impossible de tempérer le marché.

C’est donc grâce au capitalisme empathique, que les GAFAM nous ferons accepter – avec le sourire  – de perdre nos libertés. Et nous allons accepter parce que nous CROYONS que nous sommes dépendants de la technologie et que rien d’autre ne peut faciliter autant nos vies ni ne peut la remplacer.

Qui en a décidé ainsi ? Vous ? Non.

La pandémie est en train de faire mourir économiquement les petits travailleurs. Apprécient-ils cette empathie capitaliste ? Non.

Cette crise intensifie l’éveil de plus en plus de gens. Elle nous rend plus plus avisés face à ce jeu qui nous grise en tant que consommateur et qui nous dévitalise comme travailleur.

Ce temps d’arrêt est une formidable occasion pour récupérer nos énergies, purifier l’air et retrouver une clarté d’esprit. Nous avons le devoir de retrouver l’équilibre, de respecter la vie et donc de revoir notre mode de vie, de remettre en question notre manière de consommer, de faire des affaires, d’utiliser les technologies comme si notre vie en dépendait…

Nous ne pouvons pas compter sur les leaders GAFAM pour protéger le vivant. Mais nous pouvons compter sur nous-mêmes pour protéger notre démocratie et nos libertés.

Le visage sombre du Roi du monde 2.0

C’est exactement ce que reproche Vananda Shiva, la physicienne écologiste et féministe indienne, aux leaders de la GAFAM et à des géants comme Monsanto. Avec force et vigueur, Shiva s’est attaquée depuis une vingtaine d’année à Monsanto. La compagnie avait pris possession de l’agriculture en Inde, pour la remplacer par des produits brevetés.

Remarquablement, Shiva a réussi à arracher son pays de la « dictature capitaliste ».

Dans son livre « One earth, one humanity vs 1% », elle dénonce l’empiètement abusif des multinationales sur l’économie nationale, leurs pratiques néfastes pour la santé, pour le vivant. La multinationale qui oblige un pays à devenir son client perturbe l’organisation sociale, tout en détruisant l’environnement, avec des produits dont l’innocuité est douteuse. Ainsi nous avons tous cédé notre souveraineté quelque part.

Dans cette vidéo (parmi de nombreuses autres), Vandana Shiva critique vertement cette dépendance artificielle créée sciemment par les multinationales. Elle affirme du même souffle que Bill Gates ne fait que poursuivre l’œuvre de Monsanto, compagnie qui a sauvagement imposé une agriculture brevetée sur le globe.

Vous pouvez trouver sur la toile de nombreux témoignages de fermiers qui ont subi les assauts et stratégies du géant. Je me souviens très bien de la triste bataille de l’agriculteur de canola, Percy Schmeiser, prisonnier des accusations tordues de Monsanto.

J’ai aussi un vif souvenir des levées de bouclier de Shiva qui nous faisait voir le visage sombre de cette multinationale à l’échelle internationale. Bayer l’a rachetée. Une autre mauvaise nouvelle pour les agriculteurs. De là est né le concept de nutriceutique (aliment/médicament). La différence avec avant ? Le brevet.

S’il y a une véritable guerre sur terre, c’est là qu’elle se trouve. Dans cette mainmise sur le vivant dont les multinationales se font les principaux propriétaires. Aux yeux de la physicienne, le point commun entre le Big Pharma, Monsanto et Bill Gates est de rendre le monde dépendant tout en détruisant la vie.

D’ailleurs, en 2015, au moment où Gates promouvait ses vaccins, des scientifiques seniors de l’Angleterre et de la Commission européenne imploraient la Fondation Bill & Melinda Gates de retirer ses investissements du pétrole, du charbon et du gaz. Selon la professeur Anne Glover, ex-conseillère scientifique en chef auprès de la Commission européenne, « C’est là que Wellcome et Gates ont investi énormément d’argent. »

Les scientifiques suggéraient que la Fondation pouvait investir de manière plus constructive. Bill Gates a refusé de réduire ses investissements sales. Ainsi l’homme d’affaires finance les recherches de sa fondation.

De son côté, l’ancien directeur du Musée des sciences, le professeur Chris Rapley déclarait « que la position du Wellcome Trust et de la Fondation Gates est fondamentalement incohérente ». Il estime que Bill Gates, en tant que leader d’opinion scientifique a un pouvoir d’influence très puissant. « C’est très symbolique lorsque des organismes de bienfaisance comme celui-ci prennent position. »

Rappelons-nous également ce fait ironique : Bill Gates, fondateur de Microsoft, a créé des ordinateurs incapables de s’auto-immuniser contre les virus et attaques de pirates informatiques. Tous les propriétaires de PC sont obligés de se procurer des anti-virus, une dépendance qui crée un excellent revenu récurrent. Ce n’est pas le cas avec Apple.

Samedi soir, le capitaliste empathique nous a parlé du coronavirus sans jamais cesser de sourire. Tout homme d’affaires visionnaire transporte dans son sillon des adeptes à la recherche du Graal. Bill Gates a su porter avec son rêve de guérison.

Il vend des anti-virus – pour humains et machines – et vient d’offrir à sa fondation une gigantesque publicité pour nous l’annoncer. L’OMS lui a ouvert grand la porte. Allez savoir pourquoi…

En effet, nous ne connaissons toujours rien ni de la provenance du virus ni de la manière de traiter. Mais Gates nous a expliqué, avec beaucoup de compassion et de douceur, à quel point ses chercheurs vont travailler fort pour trouver l’anti-virus.

C’est lui le Prophète. Il a vu le poison. Il conçoit l’anti-poison. Le Roi du monde 2.0 nous sauvera.

Le mythe fondateur d’un État mondial

En réalité, que s’est-il réellement passé samedi soir sur nos petits écrans ? Nous avons assisté à l’implantation d’un nouveau mythe fondateur pour l’avènement d’un État mondial. Un premier jalon est posé dans la conscience collective.

Un mythe fondateur, c’est la trame narrative dont une nation a besoin pour créer un sentiment d’appartenance et un consensus au pouvoir. Nourrir l’histoire soude les citoyens, resserre le tissus social, donne envie de faire un, sans contestation. Cette solidarité nait dans l’épreuve commune.

Sur le plan national, chacun de nos pays a vécu de nombreuses épreuves qui ont consolidé les liens entre citoyens. Mais depuis au moins deux décades, la trame narrative de l’esprit national a été réécrite par les mondialistes, alors que l’encre de notre patriotisme coulait encore dans ses livres. Nous constatons aujourd’hui l’autonomie que nous avons perdu en cédant notre souveraineté.

Après nous avoir mondialisé, après nous avoir enchainés les uns les autres dans un modus operandi où les nations ont perdu leur cohérence, voilà qu’aujourd’hui, on nous invite à gravir la dernière marche. La mondialisation n’est pas seulement une affaire économique. Grâce au Covid19, on veut en faire une histoire de coeur.

Comment  nos nations ont-elles procédé pour mousser le mythe fondateur de leur pays ? Elles ont demandé aux artistes de chanter, aux poètes de clamer pour faire vibrer le peuple à l’unisson, autour de la  patrie.

Ainsi le roi du monde 2.0 en appelle à un nouveau mythe fondateur avec les artistes mondiaux pour allumer  la flamme d’un patriotisme « supranational ».

Aujourd’hui, à l’instar d’autres élus, Macron nous a dit que la pandémie devait être traitée comme une guerre. Oui. Une même épreuve dorénavant nous soude. Une Guerre Mondiale Invisible.

Et nous avons un sauveur.

Bill Premier, à travers la voix des artistes, nous a fait vibrer à l’idée que nous pouvons devenir « One World ». Un hommes d’affaires nous parle d’espérance, de foi dans un monde supranational. Il nous suggère de « regarder dans le vide et [de] s’émerveiller de tout cet amour. Laissez-le vous combler et vous soutenir. Ce n’est pas la fin du monde. C’est l’acte de solidarité mondiale »

Flottant comme un drapeau au-dessus de tous les autres pays, ce président d’entreprise nous dit – au moment le plus tragique de la crise – que nous pouvons espérer un monde meilleur et uni par la même souffrance, car il saura maitriser notre destin grâce à ses vaccins, notre destin à tous.

Nous sommes « One World » !

Voilà la nouvelle trame narrative de notre mythe fondateur mondialiste. Le sourire empathique de Bill Gates a séduit ceux qui veulent de croire en la sincérité d’un homme d’affaire salvateur, dont les bienfaits sont pourtant établis sur la destruction et la possession du vivant et sur la dépendance permanente.

Voilà ce que nous avons fait tous ensemble, samedi dernier. Nous avons vibré chacun dans nos salons, avec des artistes d’ordinaire inaccessibles, devenus plus proches de nous que jamais. Un formidable Skype de famille.

Et grâce à eux, nous allons accepter le credo de ce nouveau récit narratif, de notre histoire commune. Celle de former une seule et grande nation, « One World ».

Maintenant nous avons un Roi.

Par le biais de la culture américaine, il tisse le sentiment d’appartenance mondial. Ainsi le couple Gates s’est retrouvé « providentiellement » au coeur de la culture mondialiste anglo-saxonne, pour nous faire vibrer à la supranationalité. Notre nouvel État mondial.

N’en sont-ils pas, depuis plusieurs années, les seuls chefs non-élus ? Il n’y a qu’à regarder sur le tableau des donateurs de Fonds pour la COVID19 à l’OMS. Sur cette page du site de l’OMS devenue indisponible au cours de 24 heures, la Fondation Gates figurait comme seul donateur à ne pas représenter un pays.

TVA Nouvelles écrit : « La fondation humanitaire de Bill et Melinda Gates est le deuxième contributeur en valeur absolue derrière les États-Unis, et le premier bailleur privé, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), actuellement en pleine tourmente ».

Bien sûr, la Fondation a pour mission de faire le bien. Mais ne soyons pas naïfs de croire que des hommes d’affaires – qui poussent constamment une dérégularisation du marché à leur avantage – soient empathiques, alors que l’ordre capitaliste fait pression sur eux jusqu’à ce qu’ils se comportent, souvent sans le savoir, comme des prédateurs du vivant.

Au contraire de ce que nos élus peuvent penser, les pouvoirs nationaux de l’après-pandémie seront plus réduits encore, si nous les laissons entre les mains des Hyperempires. Et de nombreux avocats s’en inquiètent. Nos pays doivent d’ores et déjà réfléchir à des mécanismes de protection.

La place que l’OMS a laissé au couple Gates est royale. À ce stade-ci, leur discours permet l’instauration d’un patriotisme mondialiste dont nous sommes devenus, bien malgré nous les sujets.

Et c’est bien parce que nous sommes devenus des sujets dépendants, donc sans autonomie, et rien que parce que des puissants gens d’affaires nous parlent avec empathie, que nous sommes sur le point de céder notre plus grand bien collectif et individuel : notre liberté.

S’il est une leçon à retenir de cette pandémie, ce sera bien la constatation de notre manque d’autonomie. Nous sommes à la merci de monopoles qu’aucun gouvernement n’a la volonté politique de casser. C’est bien là que se jouera notre futur.

Nous avons laissé un Hyperempire se constituer.
Il a maintenant son Roi proclamé.
Des artistes pour assurer le récit narratif du nouveau monde.
Et un système de surveillance sophistiqué et performant pour enfermer dans sa vision chaque instant de notre vie.

La moindre des choses est de mettre toutes nos énergies à retrouver l’équilibre. Et pour y parvenir, il faudra cesser d’être naïfs, de tout attendre du système capitaliste et de redonner à nos gouvernements leur fonction de rempart contre les gens d’affaires trop gourmands, en fragmentant les monopoles.

La société distincte

Ce qui caractérise le Québec, c’est que beaucoup se sont progressivement détachés du mythe fondateur de la nation après avoir perdu dans des circonstances nébuleuses, le dernier référendum qui a failli nous donner un pays.

Ça fait 400 ans que le conquérant cherche à détruire la trame narrative de la nation québécoise. Ces dernières décennies, il semble y être parvenu. C’est pourquoi beaucoup ont laissé tomber le rêve de pays, celui qu’on nous avait raconté, le récit du mythe fondateur de la nation québécoise.

Et plutôt que de se laisser imposer ou séduire par le récit fondateur du Canada, le Québec s’est psychologiquement détaché du besoin d’avoir une histoire pour soutenir son identité nationale.

Dorénavant, le Québec vit dans le réel, sans mythe. Et c’est pourquoi, je crois, nous aurons du mal accepter l’illusion d’un nouveau récit fondateur, fut-il mondial.

Le Québec n’a plus besoin de mythe pour exister. Ce qui signifie qu’il n’a plus besoin non plus de tracer de frontières pour en avoir. Nous sommes devenus, en quelque sorte, souverains en soi. Libres. Et toute liberté n’est jamais acquise. C’est pourquoi notre combat ne sera jamais terminé.

Un éclairage nouveau du capitalisme